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CHAPITRE II : MALADIES DU LARYNX ET DE LA TRACHÉE
Le larynx est l'instrument spécial de la phonation ; il sert, par sa portion glottique, à la production des sons dans les actes de la phonation et du chant, mais il n'en sert pas moins à la respiration ; il constitue la première partie des voies respiratoires profondes :
1 er° Laryngite aiguë ;
2° laryngite chronique ou phthisie laryngée ;
3° spasme de la glotte ;
4° laryngite striduleuse ou faux-croup ;
5° croup ;
6° aphonie.
ARTICLE PREMIER : LARYNGITE AIGUË
Inflammation franche de la membrane muqueuse qui tapisse la cavité du larynx ; je dis franche, en opposition avec l'inflammation spécifique qui sera décrite sous le nom de croup.
Dans cette affection, l'inflammation peut rester entièrement localisée sur le larynx ; mais aussi, elle peut s'étendre et elle s'étend ordinairement, plus ou moins, jusqu'à la membrane muqueuse de la trachée-artère et de la partie supérieure des bronches, ce qui autorise les dénominations de laryngite, laryngo-trachéite, laryngo-bronchite. Ces dénominations ne constituent pas des affections de diverse nature, elles ont été établies seulement pour désigner une intensité différente entre des variétés que nous confondrons dans l'examen des symptômes et dans l'étude des médicaments que réclame l'étude de leur traitement.
Les symptômes de la laryngite aiguë sont variables évidemment, suivant l'intensité de la maladie. Dans les cas les plus légers, il n'y a pas de fièvre, la douleur du larynx et les sensations qui l'accompagnent et la différencient sont à peine marquées, la toux peu fréquente ; la respiration, quoiqu'un peu accélérée, reste facile ; le symptôme qui vraiment caractérise l'affection, est l'altération constante de la voix qui est rauque, enrouée, voilée, grave ou éteinte jusqu'à l'aphonie complète.
La laryngite aiguë grave présente un bien autre cortège de symptômes. Au début, fièvre synoque, agitation, anxiété, céphalalgie. Douleurs dans le larynx avec des sensations désagréables et pénibles de chatouillement, de picotement, de brûlement, d'un corps étranger avec lequel on titillerait le fond de la gorge ou qui semblerait résider dans le larynx ; cette douleur peut être accompagnée de divers symptômes du côté de la partie supérieure du pharynx et des parties environnantes, et est susceptible d'être augmentée par la déglutition, par l'action de parler, de chanter, de rire, de tousser, par la pression exercée sur le cartilage thyroïde, par l'inspiration d'un air froid.
Après la douleur et ses modifications, viennent les altérations de la voix ; celle-ci est rauque, enrouée, voilée, fausse, ou basse ou très-aiguë, éteinte par moment ou complètement. Chez les très jeunes enfants, les modifications du cri remplacent celles de la voix, et Billard en parle en ces termes :
« Cette altération consiste plutôt dans son timbre que dans sa forme ; les deux parties qui le constituent existent bien, mais elles sont voilées. Lorsque l'inflammation du larynx est plus intense, l'altération du cri se prononce davantage ; souvent alors, le cri est sourd et ne se fait plus entendre, tandis que la reprise est au contraire aiguë et dominante. Cette modification particulière du cri des enfants, est un signe positif que l inflammation existe vers la partie supérieure des voies aériennes, tandis que l'absence complète de reprise indique que la lésion siège dans les rameaux bronchiques ou dans le tissu des poumons. »
Toux ordinairement sèche, continuelle ou violente, par quintes, provoquée et excitée par la sensation d'un corps étranger dans le larynx, par l'inspiration et la déglutition souvent, presque toujours par l'action de parler. Expectoration insignifiante ; respiration pénible, accélérée, dyspnée ; sifflement laryngo-trachéal, rude, bruyant, ayant lieu pendant les deux temps de la respiration. Ce sifflement peut souvent être perçu à distance ; d'autres fois on entend un râle muqueux dans le larynx et la trachée.
Encore un mot :
Dans l'inflammation simple du larynx, la toux peut être bruyante et se rapprocher de la toux croupale, parce que le timbre n'est pas imposé nécessairement par l'existence de fausses membranes. Tout rétrécissement dans les voies aériennes supérieures, par une cause quelconque, peut lui donner naissance. Or, parmi les altérations anatomiques observées dans la laryngite, après la rougeur de la muqueuse, rien n'est plus fréquent que son épaississement et quand cet épaississement existe, il occupe de préférence les points qui peuvent le plus facilement modifier le timbre de la toux, c'est-à-dire la muqueuse épiglottique, ou celle qui tapisse la partie interne des cordes vocales.
La muqueuse enflammée est aussi recouverte souvent de mucosités filantes, épaisses, ce qui ne contribue déjà que trop au rétrécissement du calibre des voies aériennes.
Ce rétrécissement est aussi une des causes les plus puissantes de la dyspnée et des accès de suffocation pendant lesquels le malade présente tous les symptômes de l'asphyxie commençante ; la face est livide ou turgescente, violacée parfois, le cou est tuméfié, la voix complètement éteinte, le sifflement laryngo-trachéal très-prononcé, le pouls petit, misérable, insensible, la peau froide, l'anxiété extrême.
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