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§ 1 er - Coryza aigu.
Coryza simple. - Cette affection bénigne ordinairement, chez l'adulte surtout, peut résulter de l'impression du froid, en général, et spécialement du refroidissement partiel de la tête et des pieds ; d'autres fois, et peut- être aussi souvent, elle provient de l'exposition aux rayons du soleil, à la clarté trop vive de lumières artificielles, ou à une température trop élevée dans un air confiné.
Les symptômes du coryza aigu simple sont les suivants : un sentiment de chaleur, de chatouillement, de picotement dans le nez ; pesanteur de tête ; malaise avec ou sans phénomènes fébriles ; éternuements ou légers et rares, ou intenses et fréquents ; sécheresse du nez à laquelle succède bientôt le flux plus ou moins abondant d'un liquide séreux, transparent, inoffensif ou âcre, au point de rougir et de gonfler la lèvre supérieure et de déterminer, sur les parties avec lesquelles il se trouve en contact, des éruptions diverses ; en même temps, diminution ou abolition complète du sens de l'odorat et du goût. Épistaxis. L'écoulement du nez se modifie ; de séreux qu'il était, il devient de plus en plus épais, opaque, jaune, d'un vert de plus en plus foncé, exhalant une odeur fade.
Le coryza peut occuper d'emblée les deux côtés ou s'en tenir à une seule des cavités nasales, ou marcher tantôt de gauche à droite et de droite à gauche ; ici les yeux s'injectent, deviennent humides par suite de l'augmentation de la quantité de larmes qui les humecte, et se montrent sensibles à la lumière ; là, la céphalalgie est intense, surtout frontale et augmente dans les éternuements ; ce sont les sinus frontaux qui sont envahis ; tantôt la douleur gravative au front, irradie vers la joue et s'étend aux dents voisines et à l'orbite ; c'est que le sinus maxillaire est atteint. Timbre de la voix, nasonné.
Éphémère, sans doute, dans le plus grand nombre des cas, le coryza aigu simple peut aussi durer plusieurs jours, et malgré sa bénignité, il' n'en est pas moins gênant et chacun demande avec raison d'en être débarrassé au plus vite ; il n'est aucun de nous qui n'ait été sollicité cent fois de couper court à un rhume de cerveau, et quand on y réussit, le patient y gagne une grande satisfaction, le médecin une certaine gloire ; car, avis aux jeunes médecins, les malades n'ont jamais conscience exacte des services que nous leur rendons, ou ils les méconnaissent ou s'en exagèrent l'importance, et un rhume de cerveau jugulé servira souvent plus à la réputation du médecin que des services plus grands, mais rendus dans l'ombre ; dans les affections bien autrement graves, mais qui ne se déroulent pas au grand jour.
Juguler un rhume de cerveau ! Est- ce possible ? Autrement dit, pouvons- nous espérer d'arrêter les progrès du coryza et de supprimer instantanément ses manifestations ? Oui, nous avons des médicaments qui nous révèlent dans leur pathogénésie la propriété de reproduire les symptômes par lesquels le rhume de cerveau a l'habitude de se manifester à son début. Recourons à leur action, et plus d'une fois nous la verrons couronnée du succès le plus complet.
Une condition s'impose, étant trouvés les médicaments doués des facultés génétiques du coryza, c'est de les employer à si petite dose qu'ils n'impressionnent le patient que très légèrement et accidentellement, parce que, précisément en raison de leur homœopathicité, s'ils ne coupent pas court à l'état morbide, ils en augmentent sûrement l'intensité. Observation générale, d'ailleurs, qu'on ne saurait trop souvent rappeler aux praticiens de notre École.
Traitement abortif du coryza simple aigu :
Aco. nap. - Quand il y a sécheresse pénible du nez, sécheresse et chaleur de la peau, refoulement de la circulation de la périphérie du corps aux centres ; après avoir été exposé à un vent sec et froid.
Iod. - Quand le larmoiement est abondant ; conjonctives injectées ; grande sensibilité des yeux avec douleur dans les orbites ; spécialement chez les scrofuleux.
Camph. - Quand il y a un sentiment de froid par tout le corps, sécheresse de toute la peau, céphalalgie frontale, avec ou sans élancements ; si le mal a été provoqué par un changement brusque de température.
Ces médicaments peuvent être employés en globules à sec sur la langue, ou, s'il s'agit de personnes qui n'ont pas l'habitude de nos préparations, on peut conseiller l'olfaction d'une teinture forte.
A propos du camphre, l'esprit de camphre de Hahnemann se recommande spécialement. Camphora 200 a été employé avec succès, ce qui nous prouve de nouveau, toutes réserves étant faites sur la valeur des dilutions, que la première condition de guérison est toujours le choix exact du médicament.
Traitement préventif du coryza simple aigu :
On rencontre bien souvent des personnes qui contractent des rhumes de cerveau avec une facilité désespérante, sous le souffle le plus léger d'un courant d'air, d'une fenêtre ouverte, etc., ou même sans cause appréciable. La raison en est tout entière dans ce fait bien observé, que le coryza, même vulgaire, tient souvent à certaine prédisposition individuelle, laquelle prédisposition n'est pas autre chose qu'une diathèse psorique, scrofuleuse, rhumatismale, goutteuse, etc.
Si la constitution porte avec elle le principe en vertu duquel des coryzas se répètent incessamment, il est évident que le meilleur moyen de prévenir ces accidents, c'est d'annihiler le principe générateur, d'où l'institution nécessaire d'un traitement préventif qui a pour but de modifier l'ensemble de la constitution.
Mais ici commence la difficulté. Le principe miasmatique qui infecte l'économie est variable dans sa nature, dans son intensité, dans ses manifestations extérieures apparentes. Or, pour être efficace, le traitement qui est destiné à le combattre et qui base ses indications sur les symptômes apparents, est susceptible d'être modifié à l'infini. Dès lors, on comprend très bien que je ne puisse pas établir d'avance ce traitement préventif, essentiellement variable suivant les distinctions à faire chez le malade ; c'est uniquement dans l'étude particulière des médicaments que je pourrai assigner à chacun son titre à prendre place dans ce traitement.
Toutefois, je puis, dès ce moment, désigner à l'attention des praticiens les principaux médicaments que l'expérience a consacrés, dans le traitement de la fâcheuse prédisposition dont il s'agit. Sulph., Calc. c., Lycop., Silic.
Je les nomme à peine, le lecteur trouvera exposées, dans le traitement curatif, les conditions dans lesquelles chacun d'eux est appelé à nous rendre service.
Coryza aigu symptômatique. - Le coryza aigu peut être symptomatique, c'est- à- dire sous la dépendance d'une affection générale dont il est un des traits du tableau ; à ce titre, il est fréquent dans la rougeole ; il est un accident de la scarlatine, de la variole, un épiphénomène transitoire de la fièvre typhoïde ; on le rencontre aussi dans la grippe et dans les diphtéries épidémiques. Dans tous ces cas, il peut être différencié par des nuances symptomatiques, mais son traitement est subordonné à la maladie première dont il n'est, qu'une complication.
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