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ARTICLE II : HÉMOPTYSIE
(Crachement de sang.— Expectoration de sang. — Flux sanguin des poumons.)
Crachement de sang qui reconnaît pour cause l'hémorrhagie de la membrane muqueuse qui tapisse les voies aériennes, depuis le larynx jusqu'aux dernières ramifications bronchiques. On n'a pas le droit de donner le nom d'hémoptysie à toutes les éjections du sang par la bouche, ce mot doit être exclusivement réservé au sang qui sort de l'appareil respiratoire, quelles que soient la source et la quantité du sang rejeté.
L'hémoptysie est souvent précédée de douleurs dans la poitrine, derrière le sternum et entre les deux épaules, ; de dyspnée, d'une sensation pénible de chaleur, de tension, de constriction dans la poitrine ; d'une petite toux sèche qui est provoquée par les premières gouttes de sang épanché dans les voies aériennes et qui devient d'autant plus intense et plus opiniâtre que la source du sang est plus profonde. L'expectoration sanguine est accompagnée d'une saveur salée ou douceâtre.
Quand le sang s'épanche brusquement et avec abondance, la toux est remplacée par des efforts analogues à ceux du vomissement.
A l'aspect du sang, surtout dans un premier crachement, le malade est souvent saisi d'une frayeur extrême et la crainte de la mort s'empare de lui au point de le rendre inaccessible à toute autre pensée ; le visage pâlit, tout le corps tremble, le pouls se précipite, quelquefois même surviennent des syncopes. En pareils cas, guidé par ce dernier ensemble de symptômes, j'ai eu recours à l'Aconit et je n'ai jamais eu qu'à m'en féliciter.
Pendant l'hémoptysie les malades éprouvent un bouillonnement dans la poitrine, une sensation de chaleur, une dyspnée plus ou moins intense qui peut aller jusqu'à la suffocation ; à ces symptômes se mêlent presque toujours des douleurs thoraciques, des palpitations, une vive anxiété.
Le sang est ou rouge, vermeil, rutilant, écumeux ou noirâtre, ou même noir. S'il est noir, c'est parce qu'il a. séjourné quelque temps dans les bronches ou qu'il est fourni par des vaisseaux variqueux. Dans les cas de sphacèle du poumon, le sang est noir et poreux comme des morceaux d'éponges noires (Double).
Dans l'hémoptysie proprement dite, le sang forme à lui seul la matière de l'expectoration, ce qui empêche qu'on ne comprenne sous cette dénomination les crachats sanguinolents de la pneumonie ; toutefois, le sang, quand l'hémoptysie n'est pas très-abondante, peut être plus ou moins intimement mêlé à des mucosités, ou à des matières bilieuses et alimentaires, surtout quand le vomissement se joint à l'hémoptysie.
Si le sang est peu abondant, il peut être rejeté par une simple expulsion, sans toux ou par des efforts de toux plus ou moins violents ; si, au contraire, il s'épanche en grande quantité, il est rejeté avec force par la bouche, comme s'il était vomi, et s'échappe même par les narines ; ce mode d'expulsion est dû à une violente compression exercée sur les poumons par les muscles expirateurs, qui se contractent convulsivement.
L'hémoptysie peut survenir en l'absence de toute altération organique, et dans ces cas, qui ne sont pas très-rares, le jugement à porter peut ne pas être trop défavorable. On voit assez souvent des malades, des femmes surtout, rejeter par les organes respiratoires une quantité considérable de sang, à plusieurs reprises, sans éprouver ensuite d'autres accidents fâcheux ; mais il est vrai de dire aussi que devant une hémoptysie, même après l'avoir arrêtée, il ne convient pas de s'endormir dans une sécurité qui pourrait avoir un réveil douloureux.
Le crachement de sang est toujours le produit d'un état morbide qu'il convient d'étudier et de combattre, ne fût-ce que pour prévenir des récidives, heureux quand on n'arrive pas à constater des tubercules pulmonaires.
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