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Traitement
Acalypha ind. — Hémoptysie rebelle, émaciation, fièvre lente avec pouls petit et déprimé.
Un médecin de Calcutta, le Dr Tonner, a vu survenir, sous l'influence de ce médicament (teinture mère), une toux très-violente, sèche, suivie de crachats sanguinolents. Ce fait a conduit à l'emploi de ce médicament dans plusieurs cas d'hémoptysie et on en a obtenu des effets satisfaisants. L'hémoptysie a cessé, dit-on, comme par enchantement, dans des cas ou les hémostatiques ordinaires avaient échoué.
Acon. nap. — Si l'hémoptysie s'annonce par des phénomènes de congestion à la poitrine tels que :
Brûlure et plénitude dans la poitrine avec la sensation comme si le sang y bouillonnait, accélération du pouls précédée d'un frisson ; grande chaleur et soif ; respiration courte avec oppression ; palpitations de coeur, pâleur du visage avec anxiété sur tous les traits, grande angoisse, crainte de la mort, aggravation de tous les symptômes par la position horizontale ; Aconit est le meilleur moyen de prévenir l'hémoptysie par le privilège dont il jouit de régulariser la circulation ; mais il n'est pas moins utile quand l'hémoptysie est déclarée, à la condition, surtout, que le sang sorte par jets, avec abondance, à de courts intervalles et que son expulsion soit provoquée par une petite toux sèche.
Si l'hémoptysie succède à la suppression d'un écoulement hémorrhoïdal habituel, c'est une raison de plus pour recourir à Aconit. Il ne faut pas oublier non plus que l'Aconit antidote le vin, ce qui rend son emploi d'autant plus précieux chez les sujets habitués à de trop copieuses libations.
Arnic. mont. — Du sang pur, brillant et écumeux, mêlé à du mucus ; du sang noir et en caillots rendu avec abondance sans beaucoup d'efforts, sont les traits distinctifs de l'hémoptysie de l'Arnica, et si l'on y joint un sentiment de constriction et de brûlure dans la poitrine, une douleur contusive dans la tête, dans le dos et au milieu des épaules avec difficulté à respirer ; la tête chaude et le corps frais : on a réuni tous les symptômes sur lesquels repose le choix de l'Arnica.
Mais faisons bien vite ressortir que c'est le traumatisme qui, comme indication causale, l'emporte sur toutes les autres et que c'est lui qui fait de l'Arnica le moyen curatif par excellence, n'importe à quel abaissement soit parvenu le patient. Toutes les fois que l'hémoptysie reconnaîtra pour cause immédiate une violence extérieure amenant la rupture d'un vaisseau, l'Arnica devra être préféré à tout autre médicament.
Un homme de vingt cinq ans environ, jusque-là bien portant, fut subitement pris d'hémoptysie au milieu d'une discussion vive qu'il soutenait avec de grands efforts de voix ; il fut ramené chez lui crachant le sang à pleines gorgées. Des praticiens recommandables de la vieille École lui donnèrent leurs soins sans succès et leurs efforts suprêmes se traduisirent par l'application de la glace sur la poitrine ; c'était heureusement pendant les chaleurs de l'été.
J'arrivai près du malade pour le trouver exsangue, froids, sans pouls, sans parole articulée. On aurait pu douter de la présence d'un reste de vie, sans une expulsion qui se faisait encore par intervalles assez éloignés d'un sang clair et rendu en petite quantité. Dans une position aussi désespérée, je dis à haute voix à la famille réunie :
« Il est hardi d'espérer encore, mais l'Arnica aurait dû être donné au début, c'était le médicament exigé et de lui on aurait pu tout espérer ; donnons-le encore, il ne nous appartient pas de limiter son action et nous aurons dans tous les cas rempli un devoir de conscience. »
Arnica fut donné à la dose de trois globules, 6 ème dilution, en solution dans 425 grammes d'eau, l'injection de la première cuillerée fut lente et difficile, mais avec un peu de persévérance on triompha de l'inertie du malade et avant la fin de la potion le moribond était rendu à la vie. Il était jeune, sa convalescence fut très-rapide. ll y a près de trente ans de cela et le sujet de cette observation n'a plus craché de sang une seule fois.
Ars. — Plus spécialement désigné quand l'hémoptysie survient, après des pertes de sang artificielles, ou après des règles supprimées, avec aggravation vers minuit ; chaleur sèche, brûlante sur tout le corps.
Angoisses indescriptibles ; les palpitations de coeur s'aggravent à chaque instant, le sang bouillonne dans la poitrine et le patient est en proie à la plus vive agitation ; en même temps, chute des forces, prostration.
Bellad. — L'hémoptysie est accompagnée de toux violente, spasmodique ou par chatouillement, avec congestion simultanée vers la poitrine et vers la tête ; respiration courte, palpitations, rougeur du visage, chaleur ardente à la peau, chaleur à l'intérieur, soif vive.
Que l'hémoptysie soit la suite de la suppression des menstrues ou d'un flux hémorrhoïdal, n'importe, Bellad. conviendra également si le raptus à la tête est concomitant avec la fluxion vers la poitrine. La jeunesse et les constitutions robustes sont ordinairement les apanages de Bellad.
Bryon. Alba — La sphère d'action de ce médicament sur les organes thoraciques est trop complexe et trop étendue pour qu'on n'ait pas maintes fois l'occasion de recourir à son emploi dans les cas d'hémoptysie. Les traits du tableau qui la recommandent à l'attention du praticien, sont :
Des points de côté douloureux surtout par le mouvement et par une profonde inspiration ; une oppression qui, à chaque moment, malgré les douleurs, provoque la nécessité d'inspirer profondément ; la toux est excitée par un chatouillement ; le sang est souvent coagulé ; constipation.
Cactus grandi. — Tout le monde sait combien sont fréquents les cas où l'hémoptysie dépend de désordres fonctionnels du coeur ; or, ce précieux agent, avec sa pathogénésie cardiaque, si riche et si variée, joue nécessairement un rôle important dans le traitement de l'hémoptysie, quand il y a :
sensation de serrement au coeur comme par une main de fer ; douleurs très-aiguës, pongitives au coeur, oppression prolongée ; difficulté de respirer par défaut d'ampliation des parois de la poitrine, palpitations de coeur, les battements du coeur sont irréguliers, le patient ne peut absolument pas se reposer sur le côté gauche ; hypertrophie du coeur ; congestion pulmonaire ; toux intense, obstinée ; pouls dur, précipité et crachement de sang fort abondant.
Carbo veg. — Face pâle, peau froide, pouls lent, intermittent, à peine perceptible, avec toux violente par accès et enrouement.
Aggravation vers le soir.
Quelquefois brûlure dans la poitrine — chez les personnes faibles, débilitées.
— S'est montré utile dans l'hémoptysie des malades qui étaient en traitement mercuriel sous la direction d'un praticien de la vieille École ; comme antidote de Merc. la susceptibilité aux changements de temps est un des symptômes les plus caractéristiques de Carbo veg.
China. — Toutes les hémoptysies qui atteignent les sujets déjà affaiblis par des pertes de sang récentes et prolongées, ou autres déperditions d'humeurs ; les nourrices, par exemple, après un allaitement trop prolongé sollicitent China.
Pendant la crise de l'hémoptysie, le crachement de sang n'arrive qu'après une toux violente ; le patient se plaint d'avoir constamment le goût du sang dans la bouche, et, de plus, on constate chez lui tous les signes d'un épuisement complet de forces ; palpitation par anémie ; dyspnée, angoisses, frissons alternant avec de la chaleur, accès de sueur froide, tremblement, la vue est confuse, la tête vide ; le malade éprouve le besoin d'être constamment couché.
Cobalt. — Expectoration d'un sang rouge brillant, avec la sensation que le sang provient du larynx. Hémoptysie laryngienne.
Collinson. can. — Trouve son application chez les hémoptysiques qui souffrent d'une constipation opiniâtre, avec coliques incisives très-violentes, siégeant particulièrement dans le bas-ventre et se faisant sentir avant, pendant et après la selle.
Ces coliques sont accompagnées de nausées, de défaillance et de grande prostration. Des hémorrhoïdes fluentes, une endocardite rhumatismale, une lésion des valvules du coeur, sont tout autant d'indications précieuses pour Collinson. Le sang rendu dans l'hémoptysie est noir, épais, en caillots.
Coni. mac. —. Hémoptysie chez les sujets qui ont la funeste habitude de la masturbation.
Fourmillement dans le larynx avec toux sèche presque continue.
Toux qui s'exaspère par la position horizontale.
Respiration difficile dans l'inspiration, le malade se plaint du défaut d'ampliation dans les parois de la poitrine.
Respiration courte, sifflante.
Accès fréquents de suffocation.
Elaps torr. — Expectoration de sang noir, avec sensation de déchirement dans la région du coeur.
Avant la toux, goût de sang dans la bouche.
Ergotin. — Après l'hémoptysie, douleurs aiguës, vives, brûlantes dans la poitrine, sous le sternum ; palpitations, fièvre ardente.
Eriger. can. — Hale, dans sa matière médicale (News remedies), le cite comme d'une certaine valeur contre l'hémoptysie surtout de la phthisie commençante, et son caractéristique serait alors d'être lié à un état congestif et inflammatoire ; malheureusement je ne connais pas. de fait concluant en sa faveur, et le professeur Raue ne le mentionne même pas.
Je dois cependant ajouter qu'ailleurs , ce médicament est encore préconisé dans le traitement de l'hémoptysie, en compagnie de Cactus, Aconit, Hamamelis, mais comme de mince importance.
Fer. met. — Beaucoup d'analogie avec China, dont il diffère par la toux.
Tandis que la toux de China est violente, celle de Ferr. est très-légère, apparaît seulement à de longs intervalles, ne se fait sentir que pour amener l'expulsion du sang, qui est d'un rouge brillant. La faiblesse est très-grande et oblige à rester couché, comme par le China, avec cette différence que le mouvement, quand il est possible, soulage toujours les malades.
Ainsi ils se sentent toujours mieux en se tenant debout et en marchant lentement. Ils se plaignent, en outre, de douleurs entre les deux épaules ; le teint est jaune, le sommeil peu réparateur et entremêlé de palpitations de coeur. La conversation fatigue par-dessus tout.
Hamam. — Le sang est veineux, il afflue dans la bouche sans aucun effort de toux ; on dirait un simple courant établi de dedans en dehors. L'esprit du malade est remarquablement calme ; quelquefois il se plaint d'avoir dans la bouche un goût de soufre.
Ipeca. — Après s'être exposé au froid et à la pluie, il est saisi, dans la soirée, par des frissons et de l'oppression qui bientôt sont suivis d'un crachement de sang abondant.
Il est obligé de rester assis, de faire de grands efforts pour respirer, il ne peut parler ; à de très-courts intervalles, la bouche est pleine de sang écumeux et de couleur brillante ; le pouls est petit et fréquent, la respiration courte et très-accélérée ; la face est livide et la plus grande anxiété est peinte sur tous les traits du visage.
Tel est l'ensemble de l'hémoptysie de Ipeca ; pour le rendre plus complet, il faut y ajouter une toux fréquente, brève, saccadée, avec état nauséeux ; faiblesse extrême et crachats striés de sang. — Ipeca remédie au goût de sang prolongé dans la bouche.
Ledum pal. — Du sang rutilant est expulsé par une toux creuse, fatigante. L'oppression est extrême, surtout au moindre mouvement ; le malade ne cesse de faire des efforts impuissants pour respirer. Chatouillement dans le larynx.
Les symptômes concomitants qui suivent sont d'un grand poids pour déterminer le choix du médicament ; douleurs de tiraillements, de déchirements, d'élancements dans les articulations.
La peau qui recouvre les articulations est luisante, particulièrement aux genoux ; le gros orteil d'un pied ou des deux pieds à la fois est gonflé et sensible au toucher ; les articulations des coudes, des doigts de la main et des genoux sont raides et légèrement tuméfiées, preuve évidente que la diathèse goutteuse ou rhumatismale est déjà une raison suffisante pour le choix de Ledum en cas d'hémoptysie.
De plus, nous lisons dans la pathogénésie de ce précieux médicament : prurit insupportable à la peau qui oblige le malade à se déchirer ; taches brunes ou rougeâtres sur les parois de la poitrine, plus marquées à la chaleur ; éruption fixe à la peau, surtout à la poitrine ; ce qui prouve que l'élément herpétique le désigne encore spécialement à notre attention.
Millefol.— Hémoptysie qui se répète tous les soirs, avec dyspnée et battements de coeur très-violents.
Petite toux.
Le sang est vermeil, très-abondant.
Fièvre précédée de violents frissons, avec chaleur au dedans et au dehors.
Douleur de piqûre dans la poitrine.
Son application la plus fréquente est chez les tuberculeux.
Myrtus comm. — Hémoptysie chez les tuberculeux qui accusent en même temps des douleurs aiguës dans la partie supérieure du côté gauche de la poitrine. ces douleurs irradient avant en arrière jusqu'à la pointe de l'omoplate du même côté.
Nux vom. — En même temps que l'hémoptysie, il existe une toux sèche qui répond à la tête, un chatouillement très-vif et incessant dans la poitrine ; exacerbation des symptômes le matin.
Chaleur et brûlure dans la poitrine ; le malade ne peut supporter aucun vêtement sur la poitrine, tout ce qui touche la poitrine lui paraît trop serré. Après un accès de colère, après un refroidissement, chez les sujets très-irritables, violents de caractère, habitués à la bonne chère, qui prennent habituellement du café et des liqueurs ; la suppression d'un flux hémorrhoïdal, comme cause occasionnelle de l'hémoptysie, une vie trop sédentaire, des travaux d'esprit démesurément prolongés, sont encore des indications précieuses de Nux vom.
Opium. — Le sang est épais, mêlé à des crachats écumeux ; absence de toutes douleurs.
Le malade accuse seulement une chaleur brûlante dans toute la région du coeur ; la toux est sèche et creuse.
Les extrémités inférieures sont refroidies.
Tremblement des bras.
Léger assoupissement avec tressaillements soudains dans les membres.
La toux est aggravée par les mouvements de la déglutition.
C'est l'hémoptysie grave des ivrognes que l'Opium est plus sûrement appelé à combattre efficacement.
Phosph. — Hémoptysie, en cas de toux ancienne, sèche, pire le soir jusqu'à minuit. L'hémoptysie s'aggrave aux mêmes heures ; elle s'accompagne d'oppression avec pesanteur sur la poitrine, plénitude et tension dans la poitrine, palpitations de coeur.
— Diathèse tuberculeuse et dans ces cas Phosph. sera le meilleur remède pour arrêter le travail de désorganisation dont l'hémoptysie est le symptôme révélateur.
— Quand l'hémoptysie est, chez la femme, la suite de la déviation des règles, Phosph. se recommande encore à l'attention des praticiens.
Pulsat. — Hémoptysie chez les femmes après la suppression des règles, et chez les hommes après la cessation d'un flux hémorrhoïdal ; de part et d'autre, tempérament leuco-phlegmatique, le sang est noir, en caillots ; des frissons assiègent constamment le malade, surtout le soir et la nuit.
Anxiété, accès de criailleries ; douleur à la partie inférieure de la poitrine, sensation de vacuité au creux de l'estomac et faiblesse.
Rhus tox. — Nous avons suffisamment énoncé le s merveilleux résultats de l'Arnica dans les cas graves où l'hémoptysie provenait d'une cause traumatique assez violente pour amener la rupture d'un vaisseau ; Rhus. participe à ces effets curatifs, dans une forme particulière de traumatisme ; quand la violence extérieure a consisté dans des tiraillements et des efforts comme ceux nécessités par le jeu des instruments à vent.
Le sang est d'un rouge brillant, le patient est très-agité et supporte mal la plus légère contradiction.
Senec. — Précieuse acquisition de la matière médicale américaine.
Déjà nous avions de très-grandes ressources contre l'hémoptysie sous la dépendance de règles supprimées, mais le Senecio paraît l'emporter sur tous les autres remèdes par sa promptitude à rétablir la circulation dans son état normal ; dans les cas où la vieille École a troublé le cours des règles par une saignée toujours inopportune, Senecio répare le désordre presque immédiatement.
Sepia. — Hémoptysie chez les meuniers, par suite de l'absorption par les voies respiratoires de la poussière de farine.
Toux sèche, et c'est par la toux, au moment même de la toux que le crachement de sang arrive.
Douleur constante dans toute la poitrine ; haleine courte en marchant, surtout en commençant à marcher ; la toux répond à la tête.
Lassitude et abattement extraordinaires ; oppression, violente surtout par les changements de temps.
Sticta pulm. — Hémoptysie chronique à sang noir.
Chatouillement dans le larynx et les bronches.
Toux grasse le matin avec expectoration facile de mucosités blanchâtres ou sanguinolentes.
Toux avec oppression ; aggravation de minuit au matin.
Céphalalgie frontale et épistaxis.
Émaciation, diarrhée.
Sulph. — Le soufre mérite bien d'occuper sa place dans les congestions pulmonaires accompagnées d'accès de suffocation nocturne, de douleurs diverses dans la poitrine avec ou sans palpitations de coeur ; mais, ce que je veux surtout faire ressortir ici, c'est sa grande utilité pour prévenir le retour de l'hémoptysie, en remédiant souvent à la prédisposition ; son application devra être immédiate toutes les fois que l'hémoptysie aura succédé, à peu de distance surtout, à la suppression d'un exanthème ou de la gale primitive.
— Dans l'hémoptysie chronique, on fera toujours bien de recourir à Sulphur, au moins comme remède intercurrent et on observera ce fait, qu'après lui, les mêmes agents qui ne s'étaient montrés que d'une efficacité temporaire se montreront plus radicalement curatifs. Ceci ne s'explique pas autrement que par la modification profonde que le soufre imprime à l'ensemble de la constitution.
Sulph. acid. — Hémoptysie très-abondante, sans éréthisme vasculaire, chez les tuberculeux ou sur des sujets cacochymes par d'autres raisons, telles que scrofule, scorbut, excès de tous genres, etc.
C'est le médicament des constitutions délabrées sujettes à divers flux muqueux ; des hémorroïdaires épuisés par de fortes pertes de sang répétées. Mauvais état des organes digestifs.
Tart. emet. — Quand après l'hémoptysie, il reste pendant longtemps une expectoration sanguinolente et visqueuse.
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