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ARTICLE III : PNEUMONIE
(Péripneumonie. — Pleuro-pneumonie. — Fluxion de poitrine. — Fièvre pneumonique).
Inflammation du tissu pulmonaire.
Affection toujours grave dont le pronostic doit toujours être réservé, parce qu'on ne sait jamais à quel degré s'arrêtera la lésion, ni quelles complications peuvent survenir, encore moins peut-on mesurer d'avance le degré de résistance que présenteront les malades.
C'est un devoir d'intervenir le plus vite possible et dans notre École le précepte est d'autant plus pressant que nous avons vraiment entre les mains des médicaments qui ont fait leurs preuves et qui jugulent la maladie, quand elle est prise au début (ambition de l'ancienne École, mais qui ne fut jamais justifiée), qui modèrent son intensité, abrègent sa durée et combattent encore avec succès les complications les plus graves.
L'invasion se signale ordinairement par un frisson violent qui résiste non-seulement à tous les moyens les plus ingénieux de la médecine domestique, mais à tous les sudorifiques de la science. Après le frisson, ou même pendant le frisson, une douleur se fait sentir dans un des côtés de la poitrine, ordinairement aux environs du mamelon, vive, poignante, profonde, qui augmente par les mouvements respiratoires, par la toux, par le mouvement et quelquefois par la simple pression.
Une forte chaleur s'établit, la face est animée, la respiration s'accélère en devenant plus difficile, le pouls est dur, plein, large, plus ou moins résistant, toujours fréquent. Toux sèche d'abord, plus ou moins fréquente et qui a pour caractère constant d'aggraver la douleur du côté, suivie bientôt de l'expectoration de crachats blancs au début, mais susceptibles de devenir, avec les progrès de la maladie, jaunes verdâtres, visqueux, adhérents au vase, mêlés de sang qui leur donne une couleur de rouille ou de brique pilée ; d'autres fois encore et dans des cas plus extrêmes, séreux, d'un rouge obscur analogue à celui du jus de pruneau.
A la percussion, à moins que la pneumonie n'occupe exclusivement le centre des poumons ou quelques lobules de ces viscères, son obscur d'abord, matité ensuite, les parois du thorax ont perdu leur élasticité. A l'auscultation, râle crépitant à bulles très-petites, nombreuses, égales et sèches, pendant l'inspiration et surtout au moment de la toux ou en faisant faire au malade de grandes inspirations. Pendant que le râle crépitant se fait entendre dans la portion du poumon qui est le siège de l'engouement, première période de la pneumonie, on entend partout ailleurs, c'est-à-dire aux parties correspondantes à l'état sain du poumon, ou le murmure respiratoire normal ou la respiration puérile.
Plus tard, quand l'hépatisation pulmonaire a fait place à l'engouement, l'auscultation révèle la respiration bronchique ou souffle tubaire et la résonnance de la voix, nommée Bronchophonie.
Telle est la symptomatologie de la pneumonie, dans sa pureté ; partout où se présente le cortège de ces symptômes, on est en droit de déclarer une pneumonie, et même la pneumonie n'est qu'à ce prix. Quant aux modifications infinies qui peuvent survenir sous la dépendance du sexe, de l'âge, des saisons, des tempéraments, des conditions dans lesquelles la maladie a pris naissance, comme la thérapeutique est mon but, c'est dans l'étude des médicaments que je m'appliquerai à faire connaître ces physionomies particulières, pour leur appliquer le modificateur qui leur convient.
L'heureuse influence que la thérapeutique homœopathique exerce sur les symptômes, la marche et la durée de la pneumonie, constitue un des plus beaux triomphes de notre École, et c'est aussi celui que l'expérience a consacré avec le plus d'éclat et depuis plus longtemps.
En 1847, quand j'allai à Vienne (Autriche), où je fus heureux de serrer la main de deux illustrations de l'époque, Wurm, que j'avais converti au Lycopode, et Fleischmann, médecin de l'hôpital de Gumpendorf, je constatai avec bonheur, de visu, que la guérison de la pneumonie s'élevait, grâce à l'homoeopathie, à un chiffre qui ne m'avait été révélé jusque-là par aucun des maîtres de la science officielle ; à l'hôpital, la mortalité était de 1 sur 21.
Je me souviens encore de l'avidité avec laquelle je consignai dans mes notes cette précieuse découverte et de quel enthousiasme elle fut suivie ; elle seule m'eût servi de dédommagement, quand même au contact de mes éminents confrères, je n'eusse pas d'ailleurs enrichi de beaucoup ma science des indications ; mais, depuis lors, nous n'avons plus à aller chercher à l'étranger la preuve de l'excellence de notre thérapeutique dans le traitement de la pneumonie.
J.-P. Tessier, médecin des hôpitaux de Paris, victime précoce de l'excès de ses travaux, et peut-être d'une célébrité trop rapidement acquise, a écrit en caractères ineffaçables, à l'hôpital Sainte-Marguerite, la supériorité incontestable du traitement homoeopathique de la pneumonie .
Dans l'espérance de triompher de l'obstination des médecins, je serais tenté de faire ressortir ici le mérite de ces observations recueillies au grand jour d'un hôpital, mais ce travail a été dignement fait par les continuateurs de J.-P. Tessier, et pour moi, il me suffit d'avoir donné publiquement la preuve de mon souvenir à cet illustre médecin qui m'honora de son estime et de son attachement.
Je ne retiendrai de ses Recherches, etc., qu'un mot final, très-court, mais assez substantiel pour embraser d'amour pour l'homoeopathie tous les médecins Verè cordati.
Ce mot est celui-ci : — « A partir du moment où commence le traitement homoeopathique de la pneumonie, tandis que la maladie marchait en s'aggravant jusqu'au moment du traitement, TOUT CONVERGE RAPIDEMENT VERS LA GUÉRISON... L'AMÉLIORATION COMMENCE AU BOUT DE QUELQUES HEURES POUR NE PLUS S'ARRÊTER . »
C'est de l'histoire.
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