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Symptômes de la phthisie aiguë. — La phthisie aiguë caractérisée anatomiquement par ; des tubercules miliaires qui ne sont pas seulement disséminés dans toute l'étendue du poumon, mais que l'on rencontre encore sur une foule d'organes comme les plèvres, le péritoine, la muqueuse intestinale, etc., se distingue par une marche extrêmement rapide, ce qui lui a fait donner le nom de phthisie galopante. Il n'est pas rare, hélas ! de lui voir enlever sa victime dans peu de mois, même dans quelques semaines. Elle se rencontre le plus fréquemment chez les enfants et les jeunes gens.
Fièvre continue, élévation de la température avec rémission matinale ; accès de fièvre violents qui simulent une fièvre intermittente à type tierce ou quotidien ; dyspnée violente qui peut être subite, sans toux, sans points de côté ; ou dyspnée progressive et moins violente, avec phénomènes de catarrhe, toux, expectoration. Diarrhée, fièvre intense ; malaise indéterminé, perte d'appétit, dégoût, tristesse, découragement. Dans cette forme, la toux manque le plus souvent pour ne se montrer qu'à la fin de la maladie ; point d'hémoptysies ; les forces diminuent de plus en plus ; il survient de la diarrhée qui n'est jamais trop fréquente, du météorisme.
Symptômes de la phthisie chronique. Symptômes présomptifs. — La phthisie chronique à marche lente qui a pour base anatomique l'ulcération chronique du poumon, mais dont les premiers phénomènes ne sont pas toujours localisés dans l'appareil respiratoire, se révèle le plus souvent par des signes précurseurs, présomptifs qui sont : taille élancée, cou allongé et grêle, larynx très-proéminent. L'angle que forme le sternum avec les côtes est plus aigu. Toute la cage thoracique est moins bombée et généralement plus étroite et plus longue.
Les muscles, particulièrement les cervico-thoraciques, sont peu développés et les bords internes de l'omoplate font une saillie considérable. Les cheveux et les cils présentent une croissance remarquable ; les dents sont souvent fort belles ; les yeux sont vifs, brillants et animés ; sclérotique bleuâtre ; la peau fine et rosée laisser apercevoir par transparence un réseau veineux azuré. L'activité des fonctions de la peau est diminuée d'une manière sensible, des engorgements de plusieurs natures tendent à se former dans les glandes et les viscères. Le visage, qui change de couleur fréquemment, présente de temps en temps, surtout le matin, après la moindre fatigue, les signes d'une langueur et d'un abattement extraordinaire. Essoufflement facile, oppression, disposition à s'enrhumer, petite toux, douleurs vagues dans la poitrine, répugnance à se livrer aux exercices du corps et de l'esprit.
Conformation particulière des ongles et de la dernière phalange des doigts la dernière phalange des doigts est renflée à son extrémité. L'ongle est comme soulevé à sa racine ; il est plus ou moins plat transversalement et se recourbe fortement d'avant en arrière (ongles et doigts hippocratiques). Altération des fonctions digestives, dégoût des aliments, diarrhée. Caractère mobile, facilement irritable. On voit souvent la phthisie se développer après la disparition de manifestations strumeuses, scrofuleuses, etc., ce qui doit engager les praticiens à traiter toujours très-sérieusement les affections cutanées, si inoffensives qu'elles paraissent à leur origine.
Symptômes de la phthisie à l'état confirmé. — Dyspnée avec accélération considérable et continue des mouvements respiratoires ; oppression de temps en temps, surtout en montant ou en agissant activement ; constriction de la poitrine ou douleurs passagères ; douleurs sur la poitrine et dans les épaules.
Toux légère d'abord, très-peu incommode, le matin, à la sortie du lit, ou durant le jour, spécialement après un exercice capable de gêner la respiration, et aussi : toux le soir au moment de se coucher. Voix enrouée, le larynx est le siège d'un sentiment de gêne plutôt que d'une véritable douleur ; la toux. revient par quintes plus fatigantes. La sensation pénible, d'abord bornée au larynx, s'étend successivement à la trachée-artère et aux bronches.
Chaque quinte de toux détermine une sorte de picotement désagréable, une chaleur incommode, quelquefois même une véritable douleur derrière le sternum ; hémoptysies.
Les crachats commencent par être écumeux et transparents, semblables à de la salive, et puis progressivement ils se montrent striés de lignes jaunes et de couleur jaune foncée, ronds, gris, à fibres élastiques, muco-purulents, nummulaires, séparés les uns des autres par une quantité plus ou moins grande.d'un mucus bronchique plus clair. Si l'on recueille l'expectoration dans un vase assez profond et rempli d'eau, on voit des masses arrondies, opaques, irrégulièrement globuleuses, tomber lentement au fond.
Les signes physiques à constater sont : affaissement des fosses sus et sous-claviculaires ; — Abaissement de la limite supérieure du poumon ; — Diminution d'ampleur des mouvements respiratoires dans les parties supérieures du thorax.
A la percussion, son obscur dans les régions sus et sous-claviculaires, sur la clavicule elle-même, dans l'aisselle, dans les régions sus-scapulaires et sus-épineuses. Le son est quelquefois conservé, mais le doigt qui percute a déjà la sensation d'une élasticité moindre. Plus tard, on trouve à la partie supérieure du thorax, au niveau des mêmes régions, soit des deux côtés, soit d'un seul, une obscurité notable du son, ou même une matité plus complète et, par conséquent alors, un défaut absolu d'élasticité. Enfin la matité fait place à un son grêle et tympanitique.
— Son nettement tympanitique (au niveau des cavernes remplies d'air). — Sonorité métallique qui permet d'admettre que sous l'endroit percuté, il existe une grande caverne vide, à parois lisses et régulièrement bouchées. — Encore, pneumothorax.
Bruit de pot fêlé, quand par la percussion on chasse l'air d'une caverne superficielle et à parois minces dans une caverne voisine, ou dans une bronche, ce qui donne heu au sifflement caractéristique de ce bruit.
Il peut arriver que la percussion ne fournisse que des résultats négatifs dans le diagnostic de la phthisie, non-seulement au début, mais encore à une période avancée. (Tubercules peu volumineux, infiltrés, à l'état miliaire.)
A l'auscultation : Bruit vésiculaire affaibli au sommet ou bruyant et comme puéril ; une respiration rude et saccadée, surtout une expiration rude et prolongée.
Tandis qu'à l'état normal, dans une poitrine saine, le murmure vésiculaire est doux, moelleux, continu, non saccadé, beaucoup plus fort, et pour le moins trois fois plus prolongé pendant l'inspiration que pendant l'expiration ; dans le poumon tuberculeux, le bruit expiratoire devient de plus en plus sensible et égale ou surpasse même par sa durée le bruit de l'inspiration.
Cette prolongation de l'expiration peut exister seule ; mais le plus souvent le bruit expiratoire, en se prolongeant, devient plus bruyant, plus rude, et parfois même, il donne à l'oreille la sensation d'un léger souffle bronchique, au sommet de la poitrine.
En devenant plus bruyant, le murmure vésiculaire donne en outre à l'oreille une. sensation de rudesse et de sécheresse. C'est cette altération du bruit respiratoire que l'on a décrit sous le nom de respiration sèche, rude, de bruit râpeux, de froissement pulmonaire.
Souvent alors, retentissement de la voix et de la toux, et en appliquant la main sur la poitrine, on constate une augmentation dans la vibration des parois thoraciques.
Ces phénomènes résultent de ce que le poumon induré et plus ou moins imperméable renforce les bruits naturels, les exagère, et devient un meilleur conducteur des vibrations excitées par la toux et par la voix.
Lorsque les tubercules se ramollissent, râle sous-crépitant, mais à bulles plus grosses, donnant à l'oreille une sensation de sécheresse (craquements secs) ou d'humidité (craquements humides).Ces bulles sont ordinairement peu nombreuses, et on ne les entend guère que pendant l'inspiration. Enfin, quand les tubercules sont tout à fait ramollis, au point qu'il existe des cavernes : Gros râle humide qui, dans les fortes inspirations et dans les secousses de la toux, donne à l'oreille la sensation que déterminerait l'agitation d'un liquide mêlé à des bulles d'air.. Ce phénomène, qui dans les nuances les plus légères se confond avec les râles muqueux et sous-crépitants, en est très-distinct dans sa forme la plus tranchée ; on le désigne alors sous les noms de râle caverneux ou de gargouillement, etc., etc.
En voilà assez pour fixer le diagnostic anatomique de la phthisie. Il serait avec raison taxé d'ignorance le médecin qui ne saurait pas tirer parti des moyens d'exploration si perfectionnés de nos jours pour déterminer le degré d'altération organique auquel est arrivé le poumon tuberculeux ; son diagnostic et son pronostic manqueraient de fermeté et de précision ; mais que ce service ne lui fasse pas oublier le danger qu'il y aurait à se laisser dominer par la prépondérance anatomique. II y a mieux à faire que de suivre du doigt et de l'oreille les ravages du mal, il y a à étudier le tubercule du côté où il se montre plus accessible à la thérapeutique. Avec la percussion et l'auscultation nous avons eu l'histoire naturelle de la phthisie, il nous reste à en avoir le traitement.
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