2012 Décembre

Je suis tellement choquée que je ne peux plus respirer: un cas de Laurocerasus

de Laurie Dack

G., une fillette de huit ans, vient consulter pour un problème d’asthme et probablement d’allergies. Son frère jumeau est très différent d’elle: robuste, fort et grand. G. est petite, délicate et fragile. Elle soupire constamment et a le souffle court. Lorsque la mère décrit sa fille, elle aussi soupire. Elle me dit que le premier épisode d’essoufflement s’est produit alors que son père avait assis G. dans l’herbe. Elle était tombée, un incident sans importance, mais elle était devenue toute molle, avec une respiration superficielle et ils n’avaient pu la réveiller. Elle suffoquait et était glacée. Ils pensèrent qu’elle avait été piquée par une abeille mais elle ne présentait aucun signe de choc anaphylactique. Le médecin avait suggéré un problème cardiaque possible, l’auscultation ayant révélé un petit souffle au cœur. Les parents « retenaient leur souffle » ; ils avaient peur qu’elle ne meure. Le médecin leur donna une prescription pour les problèmes cardiaques.

En observant G., je vis une enfant minuscule, presque translucide, qui bougeait très peu; comme si la main qui la touchait pouvait passer au travers d’elle. Elle avait été hospitalisée à trois reprises pour des accidents mineurs mais qui avaient été accompagnés de problèmes respiratoires et d’une atonie importante. Sa mère remarqua qu’à chaque fois, ces situations arrivaient soudainement et de manière inattendue : « Je tourne la tête deux minutes et hop, elle est partie – ça peut durer jusqu’à 15 minutes. Elle joue et, tout à coup, elle est à bout de souffle, comme si elle suffoquait. Elle s’écroule au sol, comme si elle s’évanouissait. Elle a peu de réactions, ne fait pas d’histoire et ne pleure pas, bien qu’elle soit délicate. Elle ne crie pas, contrairement à son frère. »

Comment s’est passée la grossesse ?

La mère de G. pousse un long soupir : « Je suis tombée enceinte sans m’en apercevoir. Nous n’étions ensemble que depuis trois semaines, ça m’a fait un tel choc, j’ai cru ne pas m’en remettre ! Je voulais m’enfuir. Je ne savais pas si je devais en parler à mon ami ; nous nous connaissions à peine. Je pouvais à peine respirer. Tous les projets que j’avais pour ma vie s’écroulaient. Nous étions amoureux, dans une bulle. Je voulais m’échapper, m’enfuir le plus vite possible. Je partis pour Costa Rica mais, bien sûr, on ne peut pas s’échapper de ça ! J’avais tellement de projets, de grands idéaux. Ce serait un grand choc pour ma mère. Je pensais à tout ce que j’allais devoir abandonner. J’étais très anxieuse à l’idée de lui dire, ça me coupait le souffle ; comme lorsqu’on vous pince ou pique. J’espérais faire une fausse-couche et je devins très déprimée. Je m’isolai, comme j’ai tendance à le faire lorsque je suis déprimée. Je me sentais stupide – comment avais-je pu faire ça ? Je devins insomniaque ; mon sommeil était perturbé, rempli de nombreux rêves : j’étais sur un échafaudage et tout s’écroulait ; je perdais mon ami en lui apprenant que j’étais enceinte. Le choc suivant fut de découvrir que j’attendais des jumeaux !!! Je me suis effondrée et on a dû me donner de l’oxygène. C’était comme si tout se refermait sur moi, en moi... lourdement ! Là, je ne pouvais plus éviter d’en parler autour de moi, mais comment l’annoncer à ma mère ? »

Pourquoi était-ce si difficile de l’annoncer à votre mère ?

« Elle était tombée enceinte de moi par accident et cela avait changé le cours de sa vie. Je n’ai jamais connu mon père. Mais, après le choc initial, elle me soutint et m’aida beaucoup. Mon ami aussi était très choqué et décida, après quelques réticences, de rester avec moi et les enfants. Notre fille et sa maladie nous ont rapprochés. Ma mère est morte juste avant la naissance des jumeaux ; j’éprouvai un chagrin immense. Elle était jeune et en bonne santé ; il n’y avait eu aucun signe avant-coureur. J’étais tellement bouleversée que je ne pouvais plus respirer. Elle était tout pour moi. Une tristesse terrible transperçait tout, même les beaux moments avec les enfants. Lorsqu’elle a été incinérée, je ne pouvais plus respirer ; comme si les murs se refermaient sur moi. Je vois encore son cercueil descendre dans les flammes. Je sentais un poids qui m’écrasait ; comme si j’avais moi-même actionné le levier pour la descente dans la fournaise. Avant, j’avais peur qu’on me pousse sous l’eau ; c’est comme un poids, vous ne pouvez plus respirer. »

Comment s’est passé l’accouchement ?

« J’étais complètement dévastée, triste de la mort de ma mère, à peine en vie. Je n’étais vraiment pas en état d’accoucher de jumeaux. Mon fils est sorti, sain, et j’étais soulagée mais je devais tout recommencer pour le deuxième. G. mit très longtemps à venir ; c’était comme des aiguilles me perçant douloureusement. Je n’arrêtais pas de penser à ma mère ; je la voyais descendre dans les flammes. Je n’avais plus la force de pousser pour G. Les contractions s’arrêtèrent et je me suis évanouie. Elle est née, minuscule, bleue ; elle a dû être ressuscitée. Nous retenions tous notre souffle. »

                                                                                                   

Analyse
Le lien entre la grand-mère, la mère et la fille est évident: G. et sa mère ont tendance à retenir leur souffle et à s’évanouir; la mère et la grand-mère ont été enceintes sans l’avoir désiré, faisant donc face à la possiblité ou le fait d’être abandonnées par leur partenaire. Ces deux situations nous dirigent vers Laurocerasus  

Rubriques
Effondrement, cyanose chez les nouveau-nés, évanouissement, atonie, suffocation. Amélioré en s’allongeant, soupirs, respiration difficile dans les pathologies cardiaques. Grossesse : problèmes liés à la mort d’un proche. Abandonné. Tristesse, respiration difficile. Rêves de feu, illusion qu’il voit un feu. Rêves d’échafaudages. Douleurs : piquantes, lancinantes. Illusion qu’il étouffe. Naissance : cyanose ; nouveau-nés bleus. Évanouissement douloureux.

Prescription : Laurocerasus 1M.

Les sensations de la famille des Rosaceae sont : pincement, pression et compression. La réaction passive à la situation est : l’effondrement. Laurocerasus appartient au miasme de la lèpre. Phatak nous dit à son propos : « Évanouissements prolongés. Atteint par les disputes. Asphyxie néonatale. »

Suivi
Deux mois plus tard : plus de situation nécessitant des interventions en urgence.

Au cours des quatre années suivantes, G. a fait des progrès importants. Elle n’a plus eu d’épisodes de perte de connaissance et n’a pas eu besoin d’être hospitalisée. Elle a commencé à jouer, à mieux manger, a pris du poids, s’est plus ouverte au monde et, pour reprendre les mots de sa mère, est devenue plus « elle-même, plus incarnée ». Elle n’a plus souffert d’épisode asthmatique, bien qu’elle ait eu deux bronchites, à la limite de la pneumonie, pendant l’hiver. Dans les deux cas, elle a bien répondu au remède : Laurocerasus 1M. G. est maintenant une petite fille heureuse et en bonne santé. À l’école, elle ne se laisse pas faire, et est capable de gérer les hauts et les bas de la vie quotidienne. Durant ces quatre années, le remède a été répété quatre fois. La mère est venue consulter et il lui a aussi été prescrit Laurocerasus, avec de bons résultats.

Photo: Wikimedia Commons
Laurocerasus; Karduelis

Catégories: Cas
Mots clés: cyanose, évanouissements, souffle coupé, peur de perdre partenaire, faiblesse
Remèdes: Laurocerasus

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