Lettre d'Afrique
Chers amis,
Je vous écris cette lettre de Tanzanie. Il fait chaud aujourd’hui, peut-être 38°, mais la matinée était fraîche et vivifiante, et le Kilimanjaro avait revêtu son froid manteau neigeux pour embellir ses courbes. Comme d’habitude, ni eau, ni électricité mais on s’y fait.
Ce matin, à la clinique, on a eu un cas de syphilis. Non pas le miasme syphilitique théorique, mais une femme est venue avec d’énormes ulcères très douloureux de 5 à 7 cm sur les jambes. Elle décrivait cela comme un ‘enfer vivant’ ; elle dit qu’elle aurait préféré avoir le SIDA. Les ulcères ont démarré à l’âge de 18 ans quand elle a attrapé la syphilis. Du pus coulait, du sang aussi, et cela s’est arrêté rapidement grâce à un médicament inconnu. Puis, la douleur et les plaies se sont étendues aux jambes, où elles se sont localisées. L’odeur des plaies était si forte et putride qu’elle emplissait la salle entière - il nous fallait nous pincer le nez. Je me souvenais de Kent quand il évoquait les odeurs mercurielles que tout docteur pouvait sentir. Je n’avais jamais pensé que ça m’arriverait, mais là, en Afrique, on en voit de toutes les couleurs : SIDA ; syphilis, lèpre, scrofule, tuberculose. Mais commençons par le début.
Je suis arrivé en Tanzanie le 17 novembre 2008. Trois mois plus tard, Camilla m’a rejoint avec nos trois jeunes enfants. C’était le point de départ d’un nouveau chapitre de notre vie, notre engagement à soigner le SIDA avec l’homéopathie classique. À ce moment-là, on ne savait pas du tout où on allait vivre, ni comment ouvrir de nouvelles cliniques, ni quels obstacles allaient se dresser sur notre chemin. Par beaucoup de côtés, nous étions naïfs, mais probablement valait-il mieux l’être.
Notre voyage avait débuté 10 ans en arrière, je rêvais de faire cela depuis des années. Dans mon cursus post doctorat, à la Dynamis School, j’enseigne souvent la philosophie et la technique du traitement des épidémies et des miasmes. Toutefois, j’étais bien conscient qu’une grande partie de cette connaissance était fondée sur la théorie, et bien qu’ayant expérimenté par moi-même nombres d’épidémies mineures, comme les maladies infantiles ou la grippe, je souhaitais, en tant que professionnel, affronter le traitement d’une plus grande population souffrant d’une maladie collective, en d’autres mots, un miasme (Par103).
Plus important, j’avais traité plusieurs cas de SIDA dans l’ouest et j’avais vu ce que l’homéopathie peut faire. Elle est particulièrement efficace sur le SIDA, parce qu’elle renforce le système immunitaire. Si on estime à 28 millions le nombre de personnes atteintes par cette maladie en Afrique, nous avons pensé avec ma femme que c’était notre devoir, autant que notre privilège, de faire ce que nous pouvons pour apporter de l’aide. Je suis né en Afrique, tout comme mes parents et mes grands-parents, alors, dans un certain sens, je revenais au bercail.
Mon premier projet avait été de me concentrer sur la recherche. Je voulais une recherche parfaite, éthique, qui pourrait montrer au monde ce que l’homéopathie peut accomplir pour le SIDA. Ma collègue, Tina Quirk, et moi-même avons passé dix années à rédiger des protocoles, à rechercher des partenaires académiques et à collecter des fonds. Malheureusement, tout ce que nos efforts ont rapporté ne furent que des déceptions répétées. Nous avons découvert qu’il y avait beaucoup d’argent pour le SIDA et pour l’Afrique, mais rien dans le domaine de l’homéopathie. De Bill Gates à l’UNESCO, des VIP aux organisations caritatives, la réponse habituelle était : « Désolé, nous ne sommes pas là, et inutile de nous rappeler.» Les organisations de recherche en homéopathie elles-mêmes sont en quête de projets plus « intéressants». Nous avons réalisé finalement qu’avec ou sans crédits ou opportunités de recherche, il était grand temps de se réveiller et d’agir. C’est ce que l’on fit. Heureusement, ma femme est une homéopathe fort courageuse.
Deux ans plus tard, nous n’avons aucun regret. Ça a été un parcours étonnant plein de réalisation, de miracles, de frustrations, d’obstacles, de problèmes politiques, de conflits, de découvertes, et de succès en fin de compte. À ce jour, nous avons dix cliniques à la campagne, avons traité 1200 patients, je travaille à l’hôpital local, les patients arrivent en masse dans les cliniques et réclament davantage d’homéopathie, les médecins se posent des questions sur ce que nous faisons. Nous connaissons le SIDA africain, comme le fond de notre poche, et nous avons mis au point nos pratiques sur la plupart des traitements des épidémies. En fait, traiter le SIDA avec l’homéopathie classique est la partie la plus facile de notre vie actuelle ; nous ne manquons pas de de résultats miraculeux sur une journée ordinaire. Notre taux de réussite tourne autour de 90-95% dans la réduction des symptômes et l’atténuation des effets secondaires.
Une des questions les plus fréquemment posées par les homéopathes qui nous rendent visitent, c’est pourquoi les africains réagissent aussi bien. En fait, c’est vraiment surprenant ; les résultats arrivent bien plus vite que dans les pays occidentaux. Les patients reviennent souvent en moins d’une à deux semaines avec une amélioration complète des symptômes et une plus grande énergie, un meilleur appétit, une courbe de poids croissante, et un grand sourire sur leurs lèvres. Les cas de malaria sont généralement en bonne voie au bout d’un ou deux jours. Nous n’avons pas de réponse unique à cela. Les gens d’ici sont peut-être plus en phase avec leur énergie, avec la terre, avec leur corps, ou bien, il y a eu moins de générations d’allopathie répressive, bien qu’elle soit bien présente aujourd’hui, ou bien encore, ce sont nos homéopathes et patients occidentaux à l’esprit étriqué qui représentent un obstacle à une guérison rapide. Quelque soit le cas, en Afrique les résultats en homéopathie sont rapides, doux, et ont duré jusqu’à ce jour, deux années. C’est la source de notre satisfaction et de notre persévérance.
Les patients en Afrique semblent réagir à un large panel de remèdes, d’où la variété des approches en homéopathie, qui vont du classique aux combinaisons, remèdes inexpérimentés, et radioniques, tout semble bien marcher. Dans les pays occidentaux, nous avons tous constaté cela, mais le phénomène de ‘l’efficacité de la première dose ’, est encore plus évident ici. Même lorsque nous avons des bénévoles avec peu d’expérience travaillant avec nous, ils obtiennent des résultats relativement bons.
La véritable question qui vient à l’esprit, cependant, est de suivre le cas dans la deuxième et troisième prescription, trouver ces traitements qui pénètrent en profondeur dans le cœur de l’épidémie, et chercher ses racines plutôt que de se contenter de traiter les branches. Nous cherchons à toucher le noyau commun de cette maladie. Tandis que bien des traitements vont déclencher une action de soin immédiate, plus le traitement est précis, plus profonde et durable sera son action, et mieux nous pourrons comprendre ce qui se passe réellement ici.
Vous pourriez demander pourquoi nous soutenons l’homéopathie classique si ardemment, alors qu’il y a d’autres « méthodes » qui ont du succès dans le traitement du SIDA en Afrique. Tout d’abord, parce que c’est étonnamment efficace. Je ne doute pas que d’autres méthodes obtiennent aussi de très bons résultats, mais nous sommes des homéopathes classiques. C’est la voie que nous avons choisie, pour des raisons pratiques et philosophiques. Nous aimons expérimenter nos remèdes et les comprendre. Nous aimons percevoir la maladie, personnaliser, pour tester le choix de notre traitement, potentialiser nos perceptions, apprendre, aller de l’avant et suivre notre cheminement individuel vers une plus grande totalité. L’homéopathie classique n’est pas seulement une thérapie, l’administration de traitements convaincants. Elle est un mode de vie.
C’est tout simplement notre choix personnel. Nous respectons tous ceux qui viennent ici pour aider au moyen de remèdes naturels ou homéopathiques. Dieu sait que les besoins sont plus grands que ce que ce que jamais personne ni aucune méthode ne pourront fournir. Nous sommes en rapport étroit avec plusieurs projets en Afrique, par exemple Dar es Salaam dans le sud-est de la Tanzanie, au Swaziland, Kenya, Ghana, Botswana et en Afrique du Sud. Nous nous soutenons entre nous : une seule famille avec une mission commune.
Vous vous demandiez quel était le déroulement de notre journée. En général, nous commençons par rechercher dans toute la ville notre interprète, Roger le Rasta, puis allons de cliniques en cliniques, en bidonvilles ou rurales. Nous chargeons et déchargeons notre caisse de médicaments, restons assis à l’ombre d’un arbre ou dans une minuscule « clinique-sauna », ou visitons des patients à leur domicile quand ils sont trop mal pour venir à nous. Les trajets posent problème. Nous n’avons pour le moment qu’une seule voiture, si bien que notre chauffeur passe une grande partie de son temps à faire l’aller et retour entre les cliniques, les visites à domicile, sans oublier de prendre les enfants à l’école.
Bien que notre maison soit confortable, nous avons dû nous habituer aux longues périodes sans électricité ni eau. Nous nous faisons aux piqûres de moustiques, on n’a pas le choix. De temps en temps, je vais vers l’ouest rencontrer des malades, donner des cours ou collecter des fonds pour le projet, mais en fait, nous vivons ici à temps-plein. Camilla est à peine sortie d’ici depuis notre arrivée et accumule un grand nombre de cliniques et de patients. Elle travaille dans les bidonvilles où elle fait des visites à domicile, tandis que je me rends dans les villages plus éloignés ou à l’hôpital.
Nous avons eu plusieurs bénévoles qui sont venus pour des stages de deux semaines, ou quelques mois de travail clinique. Ils habitent notre maison Hahnemann cinq étoiles. Nos enfants vont à l’École Internationale et apprécient cette expérience. Les obstacles majeurs pour notre projet sont le manque de moyens financiers, le système bureaucratique, les ennemis allopathes, et une population qui pense avoir le devoir de nous délester de l’argent qu’il nous reste. Pour eux, nous sommes tous des Bill Gates et ils s’y connaissent pour pomper l’argent du mazungu (Blanc). Pas moyen d’y échapper.
Il n’est pas difficile d’ouvrir une clinique, il n’y a pas de pénurie de SIDA ici. La nouvelle de nos succès s’est répandue maintenant très loin, et les chefs de villages nous demandent toujours de consulter les nombreuses personnes touchées par le SIDA dans leur région. Les médecins et les hôpitaux sont surpris, intéressés et territoriaux. Tout comme pour les bénévoles, les stages courts sont formateurs mais, pour développer notre projet, il nous faut des praticiens « au long cours », ce qui veut dire que nous devons étendre nos infrastructures. Cela nécessite de lever des fonds et une organisation, ce que je peux mener de front, mais ce n’est pas ce qui me plait le plus. Nous avons commencé à former les locaux et mis en place des formations à plein temps en homéopathie pour deux étudiants.
Les cas ici sont très différents de ceux auxquels nous étions habitués. Pas de modalités, pas de symptômes étranges, rares ou particuliers et presque pas de problèmes psychologiques. Les principaux symptômes émotionnels s’expriment en termes répétitifs : « j’ai faim », « plus d’argent pour manger », « peux pas payer l’école », et « que vont devenir mes enfants si je meurs ? » Tous tragiques, tous banaux. Nous pensons tous qu’après avoir entendu pendant tant d’années des cas qui amplifient le côté affectif, le fait d’en avoir maintenant à traiter sans cette obsession émotionnelle est un grand soulagement. Simple, direct, facile et difficile, ces cas n’ont qu’une face et il est impossible de les percer à jour sans les deux outils, dons de Dieu, qui nous aident à les résoudre : le premier d’entre eux est le genus épidémicus qui évolue lentement, dont je vais parler plus loin, le deuxième étant les rêves.
Lorsque nous demandons à un patient quels sont ses rêves, un sourire de satisfaction et de reconnaissance irradie son visage. « Ce docteur sait où il faut regarder! » L’Afrique vit dans un rêve. Ses racines plongent dans le monde occulte de la magie et du mystère. En interprétant le rêve et en combinant sa compréhension avec notre perception de l’ensemble, nous parvenons ainsi à entrer dans le cas et trouver le remède. Actuellement, on réussit plus ou moins à diagnostiquer si le patient est séropositif ou s’il prend des antirétroviraux, simplement à travers ses rêves.
Notre système se fonde sur la méthodologie de Boenninghausen. Nous prenons des rubriques générales larges pour former un tout, puis recherchons la cerise sur le gâteau pour individualiser le traitement. Nous sommes très reconnaissants d’avoir mon ‘Répertory of Mental Qualities’, un répertoire des thèmes émotionnels du genre de celui de Boenninghausen. Nous utilisons des rubriques comme ‘Argent’, ‘Victime’, ‘Eau’ ou ‘Serpents’, sur une base quotidienne. Un autre logiciel que j’ai développé, le « Dynamic Case Taker », nous a aussi été fort précieux pour ordonner, trouver, stocker et partager les cas.
Neuf fois sur dix, nous utilisons 12C régulièrement, ceci pour plusieurs raisons. Le SIDA est une pathologie sérieuse, et il y a de nombreux obstacles pour guérir. Les gens d’ici ne feraient pas confiance à une seule dose, pire encore, ils penseraient que c’est de la sorcellerie. De plus, nous n’avons pas pléthore de traitements, nous préférons donc avoir une dilution pour chaque remède. Plusieurs pharmacies homéopathiques ont eu la bonté de nous faire don des médicaments : Helios, en Angleterre, Cemon en Italie, Neot Shoshanim en Israël, Hahnemann Labs et Hylands aux USA.
La pauvreté alimente le SIDA et le SIDA alimente la pauvreté. C’est une partie de son origine psorique. La plupart de nos malades sont des veuves. À cause de la misère et du manque de ressources, les maris partent pour trouver du travail dans des grandes villes éloignées, y demeurant entre six mois et un an. Là bas, ils vont ches les prostituées, en général des jeunes femmes qui sont dans l’obligation de ‘travailler’ pour survivre. Quand ils reviennent pour Noël, ils infectent deux ou trois femmes d’ici. Les hommes sont moins disposés à faire des tests, parce que la honte les tue ; plutôt mourir que de faire savoir qu’ils ont le SIDA, c’est d’ailleurs ce qui leur arrive. Quand le mari meurt, tout le monde sait que sa femme est infectée, alors bien sûr, c’est de sa faute. La famille du mari lui prend tous ses biens, en clamant qu’elle a jeté un mauvais sort. La voilà donc abandonnée avec quatre enfants ou plus, dont deux pourraient être positifs, sans maison, sans salaire et trop faible pour travailler. Ces veuves du SIDA sont nos patientes.
Dans cette situation, l’énergie est la clé de la survie. Si une femme est trop affaiblie par la maladie, elle ne peut pas travailler dans les champs, où il fait chaud et où le travail est pénible. Au final, la mère et l’enfant vont mourir, ou seront à la merci d’un des orphelinats corrompus. Alors, quand les patients reviennent après une semaine avec une énergie retrouvée, c’est une vie de sauvée.
Une fois que les patients vont suffisamment bien pour travailler, on ne sait toujours pas où laisser les enfants. À cause de la honte, personne ne les aidera ; la famille élargie, qui fonctionnait depuis des millénaires, est bouleversée. Quand Camilla a effectué une visite et est tombée sur un enfant de trois ans qui s’occupait de son frère d’un an, elle a décidé d’ouvrir notre clinique comme maison d’accueil pour ces enfants des veuves du SIDA. Maintenant, nous avons vingt-cinq gamins à qui nous offrons deux bons repas journaliers, ainsi qu’une éducation à laquelle ils n’auraient jamais eu accès. Nous avons aussi des programmes de nutrition et proposons des spectacles, la contribution des homéopathes de l’ouest. L’homéopathie doit faire bouger les choses pour soigner, sinon la guérison ne sera pas permanente.
La recherche et la collecte de données, après tout, étaient et restent une partie de nos objectifs de départ. Jusque là, cela reste un rêve, un but à atteindre si on a de la chance. Je débuterai par la collecte de données, si vous le voulez bien, ce qui est la clé qui permet de recevoir des fonds pour la recherche.
Arrivé à ce point, je vais préciser que l’on ne peut pas prétendre soigner le SIDA, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, il n’existe tout simplement pas de terminologie de la sorte en médecine conventionnelle. Je pourrais formuler l’hypothèse que si un patient n’avait pas de symptômes ni de virus pendant cinq ans, cela en serait la preuve. Bien que nous ayons un suivi sur deux années pour de nombreux cas et des patients qui demeurent asymptomatiques pendant cette période, ceci n’est qu’une preuve anecdotique.
Le test standard pour le SIDA est le nombre de CD4, la quantité de cellules immunitaires dans le sang. Nous pensons que ce test est un indicateur bien pauvre, une opinion partagée par de nombreux médecins allopathes. Il est imprécis et, plus grave encore, ne fait état que de la quantité des cellules et non leur qualité. Nous constatons souvent que le nombre de CD4 chute après un bon traitement, même si les patients disent se sentir bien mieux. Quelques mois plus tard, il commence à remonter et, après entre trois et douze mois, de nombreux cas montrent un accroissement incroyable de CD4. La métaphore que j’emploie pour expliquer ce phénomène est que les CD4 se comportent comme des soldats. Le test dénombre les soldats mais il ne dit pas combien d’entre eux n’ont ni bras ni jambes ; en d’autres termes, il est inefficace. À la suite du traitement homéopathique, les cellules malades meurent tandis que les saines commencent lentement à prospérer et à se multiplier.
Alors que les patients dans l’ouest subissent un test une fois par mois, dans les villages où nous exerçons, les gens en font un à deux par an. L’hôpital est éloigné, les transports onéreux, et quand ils font le test, l’hôpital néglige souvent de transcrire les résultats. Les patients oublient régulièrement de nous apporter leurs résultats. Pour recueillir convenablement les données, il faudrait travailler à l’hôpital. La bonne nouvelle, c’est qu’après deux ans de combat pour obtenir les autorisations nécessaires, je travaille maintenant à l’hôpital. Donc, les possibilités sont bien réelles mais le temps s’écoule lentement en Afrique et il faut apprendre la patience.
Le test de charge virale (VIH count) est une autre question. Il semble répondre correctement et efficacement, mais on ne peut pas être sûr. Ce test est très onéreux, environ 60 €. Les hôpitaux et les autorités locales ne peuvent en aucun cas supporter cette dépense, et donc il n’est réalisé que très rarement (dans l’ouest, la plupart des patients sidaïques ont des tests de charge virale régulièrement). Parmi les quelques cas où nos patients ont fait ce test, certains ont reçu le résultat surprenant : pas de virus détecté. C’est tout simplement incroyable et a laissé les médecins perplexes. En fait, l’explication souvent donnée est que le virus n’est pas détectable et reste caché dans la moelle, le cerveau ou le foie. Néanmoins, dans le long terme, de tels résultats pourraient être concluants. J’aimerais que nous puissions nous offrir ce genre de test dans notre recueil de données ou notre recherche, mais, en l’absence de subventions pour une recherche à longue terme, il n’y a pas grand chose que nous puissions prouver. La preuve anecdotique n’impressionne personne.
En tant que recherche, il nous faut présenter d’abord quelques données. Alors qu’il existe quelques essais mineurs sur le SIDA en homéopathie, l’industrie les considère généralement mal organisés et dénués de sens. Pas de recherche préalable, pas de fonds et pas de fonds, pas de recherche sérieuse. C’est le cercle vicieux de la recherche homéopathique. Derrière tout cela, cependant, se trouve la vérité plus profonde que la plupart des institutions craignent de s’associer avec l’homéopathie. Même si trouvions des fonds, nous aurions besoin soumettre une demande au comité d’éthique, ce qui pourrait nous prendre jusqu’à deux années et il vous faut, bien sûr, trouver un partenaire universitaire. Il faut aussi être prudent à ne pas dévoiler ses projets trop tôt, parce que les ennemis de l’homéopathie feront ce qu’il faut pour empêcher toute recherche.
Tout n’est pas sombre cependant. Je travaille avec d’autres projets africains sur la recherche sur le SIDA et ça avance. La recherche aboutira et l’homéopathie fera ses preuves, c’est seulement terriblement long à venir. En matière de preuves à présenter au monde, cependant, j’en suis venu à penser que la recherche n’est pas l’outil majeur, ce sont les médias, mais nous persévérons sur tous les fronts.
Ma recherche personnelle est de trouver le genus epidemicus et de le rendre facile à utiliser, de façon à pouvoir le répandre aisément sur toute l’Afrique. Ça serait plus pratique de chercher un remède unique pour le SIDA. Parfois, il m’arrive de fantasmer sur ce sujet, sur un traitement combiné, ou un seul traitement bien choisi. Je suis sûr que ce serait assez efficace et certainement plus facile à distribuer. Je mentirais si je vous disais que ça ne m’a pas traversé l’esprit, mais ce n’est pas dans l’esprit de l’homéopathie, et ça ne répond pas à la doctrine du traitement épidémique en homéopathie. En commençant avec le collectif, le point de vue largement admis qui a une simple déformation énergétique en son centre, cette source brille à travers le spectre de nombreuses susceptibilités individuelles, et nous devons respecter et accepter ces tendances personnelles. Un genus n’est jamais un remède unique. Comme dans une expérimentation, la maladie épidémique est un ensemble émanant d’une seule source, mais composé de différentes histoires individuelles. Hahnemann, d’ailleurs, recommande des traitements différents pour chaque épidémie, et cela sera sujet à changement en fonction du temps et du lieu. Un phénomène véritablement intéressant est la manière dont les traitements ont tendance à varier de village en village.
Mon but est de créer un répertoire simple et basique et un kit de remèdes qui peut facilement être distribué et enseigné aux services de santé locaux. Cela nécessite des études attentives et nous essayons d’éviter des conclusions hâtives. Nous avons actuellement identifié une vingtaine de remèdes qui conviennent au genus local du SIDA. Qu’ils fonctionnent dans d’autres régions et pays, cela reste à prouver. Nous croyons en la liberté d’information et la transparence. Je prévois de publier une liste complète de traitements un peu plus tard, quand je serai convaincu que c’est un bon début dans le processus d’approche. Pour accomplir cette tâche, il me faut travailler plus longtemps à l’hôpital, là où le nombre, l’intensité et la gravité des cas est plus importante, et où l’on a accès aux tests.
Les traitements sont principalement sporiques et tuberculeux comme il convient au miasme du SIDA. Ils incluent certains polychrestes classiques, de nouvelles expérimentations, et quelques remèdes ‘bizarres’ que nous avons trouvés en chemin. La liste comprend quelques remèdes dont j’ai moi-même fait l’expérimentation, ceci étant du soit à ma connaissance personnelle ou à ma préférence pour eux, ou soit à une synchronie divine qui m’a amené à faire ces expérimentations. Toutefois, nous utilisons souvent les expérimentations des autres, comme Ozone et le nosode du SIDA.
Une des choses intéressantes que nous avons découverte est que le SIDA est une maladie vraiment neurologique. Les premiers symptômes sont souvent de l’herpès zostère, suivi d’engourdissement et parfois de démence. Ce n’est pas un fait connu, mais cela m’a été confirmé par un des plus éminents spécialistes sur le SIDA dans le secteur. Un autre lien intéressant est combien cette maladie est fongique. Mon sentiment est que cela se trouve à l’origine de l’épidémie, d’où notre utilisation fréquente de mon expérimentation de Cryptococcus neoformans. Mais le sujet est vaste, et je réserve cela pour une autre occasion.
Vous devriez aussi savoir que le SIDA n’est plus la même maladie qu’avant. Il y a vingt ans, la mort survenait rapidement, entre six mois et deux ans. Les pneumonies étaient fatales, cancers et fungi se développaient rapidement, et le corps maigrissait à outrance. On peut encore voir cela, bien sûr, mais beaucoup moins rapidement maintenant. Ce qui était aigu alors est devenu chronique. L’arrivée des antirétroviraux a changé la donne. Les patients vivent plus longtemps, tant qu’ils ont de quoi se nourrir. L’épidémie est rapidement devenue un miasme.
Parlons un peu des antirétroviraux. Comme vous le savez, nous n’arrêtons pas les traitements antirétroviraux des patients. Notre politique est de ne pas interférer avec les traitements conventionnels. Le danger est que si on arrête les antirétroviraux, le virus va muter rapidement et c’est là que le bât blesse. Aucun doute que la prescription d’antirétroviraux prolonge les vies des personnes séropositives. J’ai entendu qu’aux USA, des gens sont si confiants dans ces traitements qu’ils organisent des « SIDA parties », conçues pour les contaminer délibérément : c’est plus facile de vivre avec que sans. Ce phénomène a démarré aussi en Afrique du Sud, suite à l’annonce de l’arrivée de divers ‘traitements-miracles’ qui doivent toujours se concrétiser. Tandis que les patients dans l’ouest ont accès à 15 ou plus traitements antirétroviraux, ici, par contre, pas c’est deux maximum. Quand ils n’agissent plus, ce qui peut se produit éventuellement, il n’y a plus rien à faire et le traitement échoue avec la mort au bout du chemin.
Le problème, c’est les effets secondaires. Je me suis laissé dire que des patients dans l’ouest en parlent comme étant un enfer. J’en ai vu qui vomissaient à chaque prise d’antirétroviraux. Ici, en Afrique, les patients n’ont pas le luxe de se plaindre, mais ils souffrent. Ces ‘effets secondaires’ sont des facteurs d’affaiblissement : engourdissement tellement graves que vous ne sentez plus du tout vos bras et vos jambes, démangeaisons intenses, faiblesse débilitante ou cauchemars horribles. Le gros problème néanmoins se pose à long terme : « Il y a dix ans entre 1 et 5 pour cent des patients séropositifs de par le monde étaient porteurs de souches résistant aux médicaments. Maintenant, les nouveaux malades sont entre 5 et 30 pour cent à être déjà résistants, et en Europe, c’est 10% et aux USA, 15% » [1]. Ce virus est très intelligent, très dynamique. Il s’adapte rapidement, tout spécialement quand on ne prend pas le traitement régulièrement, ce qui est toujours le cas en Afrique. Quand le virus est transmis, c’est dans sa nouvelle forme mutante, si bien que, à longue échéance, cela peut devenir une catastrophe attendant de se produire. Ajoutez à cela que les hôpitaux sont souvent choatiques : diagnostics erronés et erreurs de prescription sont le lot commun.
Jusqu’à maintenant, les antirétroviraux sont gratuits. Mais le budget venant de l’ouest a été réduit de 25 à 50% en Afrique depuis la crise, et Maître Labo ne fait plus de cadeaux. Quand le robinet se fermera, le virus pourrait avoir une grande fête et se propager sauvagement.
Aucun doute que les antirétroviraux prolongent effectivement la vie. Une des choses stupéfiantes que j’ai découverte est qu’ils agissent de manière homéopathique, comme tant d’autres médecines conventionnelles. Ils peuvent imiter de nombreux symptômes de l’épidémie : engourdissement, faiblesse, langue noire, vision sombre, perte d’appétit, fièvre, etc.
D’autres problèmes se rapportent à la faim. Quand vous prenez des antirétroviraux, il faut que vous mangiez régulièrement cinq fois par jour. Cela nécessite vraiment un mode de vie très strict. Ce qui est impossible ici. La nourriture et l’argent étant rares, les effets secondaires et les échecs du traitement sont nombreux. Tout le monde n’est pas sous antirétroviraux, certains refusent de les prendre, d’autres ne se rendront pas aux centres de soin à cause de la honte qui s’y rattache, et un grand nombre ont un taux de CD4 trop élevé pour justifier une prescription. Si vous voulez en savoir plus sur ces sujets, je vous recommande le livre de Stephanie Nolan ’28 stories of AIDs in Africa’. Elle est légèrement pro antirétroviraux mais cela reste une lecture instructive. Vous pouvez aussi regarder le film ‘House of Numbers’, où vous apprendrez que personne n’est d’accord sur ce que cette maladie est véritablement.
Nous vivons avec peu de moyens, juste assez pour boucler le budget, mois après mois. La plupart de nos fonds proviennent de nos économies personnelles et des homéopathes et patients généreux qui nous envoient ce qu’ils peuvent - merci, chers amis ! Jusqu’à maintenant, rien n’arrive des nantis et c’est improbable que ça vienne. Un gros donateur, cependant, nous sortirait de là, car ce qu’il nous faut n’est pas énorme. De l’argent pour la recherche, une école, des infrastructures, disséminer l’information. Donc, si vous connaissez quelqu’un d’aisé, touchez-lui en un mot. Chaque centime est bien utilisé ici.
La semaine prochaine, Homeopathy For Health in Africa prend part au Kilimanjaro Marathon, sur cinq kilomètres ; dix personnes dans notre équipe, portant toutes nos T-shirts, et beaucoup de bonne volonté. Souvent, des gens me demandent si j’envisage de faire l’ascension du Kilimanjaro, mais ce n’est pas pour moi : trop froid, trop haut ! Mais quand je le vois chaque matin, je me rappelle que nous avons plus grande montagne à vaincre. Notre mission est de :
- soigner autant de malades du SIDA que possible par l’homéopathie classique
- créer une infrastructure autofinancée et permanente pour l’homéopathie en Afrique
- trouver le genus epidemicus du SIDA
- contribuer à répandre cette connaissance et l’usage de l’homéopathie partout en Afrique
- contribuer à la mise en place de l’homéopathie dans le monde
Rien de trop, n’est-ce pas! Mais nous sommes en bonne voie.
Quel dommage que les gouvernements des pays en voie de développement ne soutiennent pas davantage l’homéopathie. C’est la médecine idéale des pays émergeants et la médecine idéale pour le SIDA : sans effets secondaires, peu coûteuse, et par-dessus tout, très efficace. Le SIDA, cependant, c’est le grand business en Afrique, et personne n’aime ceux qui mettent leur nez dans le business. Néanmoins, je suis persuadé que nous vaincrons. L’homéopathie continuera à prospérer bien après que nos ennemis seront partis. Les gens l’aiment bien, elle convient à leur esprit et leur façon de vivre.
J’ai joint quelques cas pour que vous découvriez ce que nous faisons, et pendant que vous êtes sur Internet, jetez donc un œil sur notre film et le diaporama sur www.homeopathyforhealthinafrica.org, Poussez le volume du diaporama à fond, vos enfants vont apprécier la chanson !
De nombreuses personnes sont surprises de voir l’image de l’Afrique à l’envers. Certains tournent la tête en la visualisant mais, comme nous le savons vous et moi, rien n’est vraiment la tête en bas quand on le regarde depuis l’espace, c’est seulement un préjugé. Cette discrimination a toujours maintenu l’Afrique au plus bas de notre conception du monde. Un jour, Camilla a dit : « C’est comme quelqu’un avec les jambes gangrénées qui pense qu’il va bien parce que sa tête est intacte. » Avec ce logo, nous espérons montrer et imprimer dans nos consciences que l’homéopathie peut renverser l’ordre établi et inverser l’ordre pathologique du monde actuel. De toutes façons, mieux vaut avoir la flèche qui pointe vers le haut que vers le bas, c’est plus feng shui!
J’ai été trop long. Je vous envoir mes meilleurs voeux pour votre travail et votre vie
Viva la homeopatía
Votre ami,
Jeremy
[1] http://www.msnbc.msn.com/id/34624393/ns/health-aids/?ns=health-aids, par Margie Mason and Martha Mendoza.
Photos : Jeremy Sherr, Wendy Pollock, Tina Quirk
Catégories: Général
Mots clés: Afrique, séropositivité, SIDA
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