SELENIUM

l’École Homoeopathique Anglaise a réalisé un proving d'un remède pourtant « vieux », puisque la première expérimentation avait été réalisée par Constantin Hering.

Il faut bien reconnaître que ce remède est peu employé, sauf si l'on utilise le répertoire, auquel cas, on a souvent l'occasion de le prescrire.

En effet, comme vous pourrez le constater, Selenium figure au répertoire de Kent, en bonne place, et même dans celui de Constantin Lippe.

Comme je vous l’ai déjà dit, le 1 er proving de Selenium fut réalisé par Hering, puis Schreter, et enfin Berridge.

Vous trouverez toutes ces considérations historiques, dans L’encyclopédie de Timothée Field Allen.

 Comment allons‑nous inclure dans nos con­naissances, le nouveau proving de Reaside ?

Voici ce que je propose : avant d'aborder la traduction du proving réalisé à Londres en 1959‑1960, nous allons faire un tour d'horizon à l'aide de trois auteurs que j'affectionne particulièrement, H. C. Allen, Nash, et en français, Duprat.

Ainsi, il sera beaucoup plus aisé d’Intégrer dans ce trio d'auteurs classiques, les nouvelles données que nous apportent Reaside et ses collaborateurs.

Prenons tout d'abord H. C. Allen qui, dans ses Key notes, nous donne le tableau suivant de Selenium metallicum. (2010. La traduction française des KN d’Allen figure dans son intégralité sur H.I., veuillez vous y reporter).

Le second auteur classique auquel nous allons nous reporter est le Docteur Henry Duprat.

Sa M. M. en trois volumes, est celle qui est la plus proche des sources, c'est‑à‑dire des provings (en langue fran­çaise).

En ce qui concerne Selenium, nous retien­drons surtout ce que Duprat nomme les Symptômes signalétiques du remède et que voici :

«  Céphalée aggravée par le soleil, les fortes odeurs ; accompagnée d'abondantes urines pâles.

Mauvaise tolérance de sucre, sel, thé.

Constipation par atonie rectale : selles dures, grosses, nécessitant une aide mécanique.

Enrouement après usage prolongé de la voix, ou mieux dès que l'on commence à chanter.

Incontinence d'urine en marchant.

Impuissance avec images érotiques ; pollutions sans érection ; éjaculation par simple impression psychique.

Spermatorrhée après selle ou miction.

Après pollution ou coït : irritabilité, confusion, faiblesse de l'épine dorsale.

Faiblesse paralytique dans la région de l'épine dorsale.

Pulsations dans tous les vaisseaux, surtout dans l'abdomen, empêchant le sommeil.

Prurit aux plis, aux articulations ; chute des che­veux et des poils. »

Le troisième auteur auquel nous allons nous re­porter est NASH.

Le Docteur L. Borliachon a réalisé une traduction française des Leaders, et c'est de cette excellente traduction que nous reproduirons le chapitre concernant Selenium.

Nash, plus qu'aucun autre, a réussi ce tour de force, qui consiste à donner du remède une vue extrêmement synthétique.

Le style est simple, plaisant, extrêmement facile à lire et à comprendre.

Il s'agit d'un ouvrage de base que l'on doit étudier à fond, car il est fait pour le médecin praticien homoeopathe.

Voici donc ce qu'écrit Nash, sur Selenium (traduction française du Docteur L. Borliachon (pages 153, 154) :

« Voici un autre métal, qui de même que Stan­num, présente comme caractéristique principale, une faiblesse excessive.

Mais la faiblesse de Selenium ne semble pas comme celle de Stannum, se concentrer particulièrement en une région localisée de l’orgasme.

Elle est plus générale. Il est si faible qu'il est faci­lement épuisé par un travail quelconque, mental ou physique.

Cette débilité peut être consécutive à une maladie épuisante comme la fièvre typhoïde, ou peut provenir de pertes séminales.

La faiblesse de Sele­nium se montre autant dans les organes sexuels mâles que dans l'organisme en général.

Les érections sont lentes et faibles, les éjaculations trop rapides dans le coït.

Après le coït, il est fatigué et maussade. Il a de forts désirs sexuels mais il est physiquement impuissant.

Il a des pertes séminales deux on trois fois par semaine, et après ces pertes il se lève avec le dos faible et harassé.

Le liquide prostatique s'écoule pendant qu'on est assis, pendant le sommeil, pendant qu'on marche ou en allant à la selle.

Si cette faiblesse dure depuis déjà longtemps, on commence à s'émacier particulièrement à la figure, aux mains et aux cuisses (Acetic ac.).

 Tel est le tableau de la prostration de Selenium.

En dehors de cela ou en connexion, il existe quelques autres symptômes caractéristiques tels que la constipation : les selles sont d'un volume si considérable qu'elles ne peuvent être évacuées sans une aide mécanique (Sanicula).

On est obligé de les enlever avec les doigts.

Écoulement involontaire de l'urine pendant qu'on marche ou après la selle (Sarsaparilla : l'urine coule pendant qu'on est assis).

Mauvais effets de l'abus du thé ; tous les malaises sont aggravés par cette boisson.

Désir irrésistible pour les liqueurs spiritueuses.

Enrouement, doit sou­vent s'éclaircir la gorge qui contient du mucus, spé­cialement en commençant à chanter.

Désir irrésis­tible pour les stimulants, besoin de boire mais se sent pire après.

Très oublieux dans son travail, mais pendant le sommeil rêve de ce qu'il a oublié.

Je n'ai jamais employé ce remède au‑dessous de la 200 ème puis­sance. »

Voici maintenant la traduction du proving réalisé à Londres (octobre 1959 à juin 1960) par Reaside et ses collaborateurs.

15 provers et 6 contrôles.

Dynamisations utilisées : 6 CH, 30 CH, 12 CH.

Psychisme. (Selenium)

Dépression.

Dépression le matin, ou aggrav. durant la soirée.

Dépression et sensation d'émotion contenue, re­foulée.

Déprimé, somnolent, ou comme étourdi.

Déprimée le 2 ème jour des règles.

Dépression et fatigue, tout est vanité, rien ne vaut la peine que l'on se donne.

Sensation de mollesse mentale.

Psychiquement fatigué et confus.

Sensation de fatigue, de lourdeur, aggravée durant la soirée.

Assoupi dans l'après‑midi, somnolent.

Manque d'énergie et de vivacité.

Assoupi, pleurnichard, éclate en larmes.

Sensation de détachement, de désintéressement avec dépression.

Tout semble fade, sans intérêt, absence d'enthou­siasme.

Commet plus d'erreurs que d'habitude, laisse tom­ber les choses.

Indifférent lorsqu'il fait quelque chose.

Difficulté de concentration.

Irritabilité aggravée par le bruit, les gens, et du­rant la soirée.

Irritable envers lui‑même et les autres.

Irritable et sensible au bruit, y compris la conver­sation et le parler.

Se sent nerveux et sensible.

Se met en colère sans raison.

Tout le contrarie, le « braque ».

Tension nerveuse, surmenage nerveux qui occa­sionne des maux de tête.

Agité, nerveux, ne peut se concentrer.

Peur de la maladie.

Tête (Selenium)

Vertige, sensation vertigineuse, ou sensation de tête légère.

Céphalée frontale, aggravée au‑dessus de l’œil droit.

Céphalée frontale aiguë et momentanée.

Céphalée frontale au‑dessus des deux yeux.

Céphalée frontale, comme un étau, aggravée à 16 heures, améliorée à l'extérieur.

Céphalée au‑dessus de l’œil gauche, irradiant vers l'occiput.

Céphalée au‑dessus de l’œil gauche, aggravée par la tension nerveuse.

Douleur à type de pression derrière l’œil droit, s'étendant au front et à la tempe droite.

Céphalée derrière les yeux, aggravée surtout à gauche, se sent congestionné.

Céphalées congestives, aggravées au niveau de l’occiput droit ou gauche, aggravées en se baissant, ag­gravées par la chaleur, améliorées par le grand air.

Violente céphalée battante, en levant la tête, améliorée en se couchant.

Céphalées aiguës, vives, depuis la mastoïde gauche jusqu'à la tempe gauche.

Douleurs poignardantes, aiguës, aggravées du côté droit.

Céphalée au niveau du vertex ou au niveau de la face latérale droite de la tête.

Céphalée en marchant au soleil.

Céphalée durant les règles tôt le matin.

Sensation de lourdeur et de plénitude de la tête.

Yeux et vision. (Selenium)

Yeux fatigués, douloureux, brû­lants, avec taches rouges sur les paupières.

Yeux lourds, bouillants et douloureux.

Yeux injectés de sang.

Yeux lourde aggravation de 14 à 16 heures.

L’œil gauche pleure, coule, larmoie.

Écoulement jaune, épais, des yeux, durant la ma­tinée.

Canal lacrymal droit sec ; cette sécheresse s'étend à GAUCHE.

Paupière gauche est enflée.

Tremblement spasmodique de la paupière infé­rieure.

Tremblement de l’œil droit.

Tremblement spasmodique de l’œil droit.

Vision floue dans l'après‑midi, ne peut accom­moder.

Difficulté de l'accommodation, avec vertige, aggra­vation par le mouvement de la tête ou du corps.

Vision floue, les objets semblent se déplacer quand on les regarde.

Face. (Selenium)

Éruption irritante au niveau du visage, ag­gravée par la chaleur, améliorée au grand air.

Face chaude, pieds froids.

Furoncle au niveau de la joue droite ; ce furoncle augmente de volume très lentement et laisse couler du pus sanguinolent au travers d'une petite ouver­ture.

Bouche. (Selenium)

Petites ulcérations dans la bouche et sur les gencives qui saignent.

Goût aigre dans la bouche.

Dartre sèche au niveau de la lèvre supérieure.

Douleur au niveau d'une molaire gauche ; cette douleur dégénère en odontalgie généralisée.

Douleurs au niveau des molaires.

Gorge (Selenium)

Gorge sèche avec grande soif.

Gorge douloureuse avec sécheresse au réveil, agi gravée surtout à gauche.

Douleur brûlante au niveau de la gorge.

Chatouillement au niveau de la gorge, qui est bouillante, voix enrouée et douloureuse, avec dou­leur de la gorge à gauche, aggravée en avalant.

Chatouillement irritant dans la gorge.

Estomac et abdomen. (Selenium)

Pyrosis.

Douleur en travers de l'abdomen.

Douleur aiguë épigastrique au réveil, aggravée en prenant une inspiration profonde, améliorée en se pliant en deux.

Crampe au niveau du bas‑ventre.

Douleur au niveau du bas abdomen, aggravée au niveau de la fosse iliaque gauche.

Colique venteuse au niveau du bas abdomen, ag­gravée à 20 heures.

Sensation de faiblesse dans l'abdomen.

Hyperesthésie cutanée au niveau de la portion gauche de l'abdomen ainsi qu'au niveau de la région rénale gauche.

Sensation d'avoir quelque chose qui pousse vers l'extérieur comme une hernie, au niveau du bas abdomen gauche, avec sensation de fragilité, de fai­blesse de cette zone, aggravation en toussant aggra­vation en allant à la selle, amélioration par la pression.

Rectum (Selenium)

Constipation avec flatulence ou avec gaz.

Constipation opiniâtre.

Endolorissement rectal après selles lâches, diar­rhéiques.

Sécheresse de tout le tractus intestinal.

Prurit rectal.

Violent prurit anal durant la soirée.

Douleur sévère, au niveau du coccyx, aggravée en étant assis, aggravée en marchant.

APPAREIL GÉNITAL. (Selenium)

Mâle.

Mictions augmentées tant en fréquence qu'en intensité.

Passe davantage d'urines que d'habitude.

Doit se lever deux fois dans la nuit pour uriner.

Énurésie nocturne (était énurétique en étant enfant).

Irritation du pénis.

Le bout de la verge devient rouge et démange, amélioration en se lavant à l'eau fraîche.

Le bout du pénis devient rouge et enflammé, et démange énormément.

Petite tuméfaction au niveau du pénis, qui se vide en binant couler une petite quantité de pus; après guérison il persiste un petit gonflement.

Féminin (Selenium)

Règles en avance, peu abondantes et très douloureuses.

La douleur des règles la réveille.

Règles douloureuses le premier jour.

Règles en avance et peu abondantes, ou en avance et abondantes.

Poitrine et cœur. (Selenium)

Douleur constante sous le sternum comme par un muscle forcé, aggravée par le mouvement aggravée par la respiration.

Douleur à type de pression dans la région anté­rieure thoracique, aggravée au grand air amélioré par la chaleur.

Douleur au niveau de la région supérieure gauche de la poitrine ; douleur constante durant deux heures et durant la soirée.

Douleur légère dans la région médio‑thoracique, de 8 à 12 heures.

Douleur importante dans la poitrine ; la poitrine donne la sensation de s'être rétrécie.

La douleur thoracique s'étend vers le cou.

Douleur piquante comme par une aiguille au niveau de la région gauche du thorax, sous le cœur, aggravée par l'expiration, aggravée de 12 à 17 h.

Sensation de constriction intense intra‑thoracique.

Douleur sous le sternum, aggravée à droite, irra­diation depuis la région thoracique droite vers la région axillaire droite.

Douleur dans la région thoracique gauche, avec irradiations vers le coude gauche.

Douleur sous la région du cœur ; douleur cons­tante et sourde, ou aiguë et vive, comme par  des coups de poignard, aggravation en remuant les bras

Douleurs piquantes comme par des aiguilles, dans la région du cœur.

Douleur sourde et constante dans la région du cœur ; aggravée à midi.

Sensation de tension et d'excitation dans la région diaphragmatique avec palpitations en se couchant.

Douleur piquante dans le côté gauche avec toux.

Douleur sous les côtes, à droite, aggravée par le mouvement.

Toux sèche avec douleur axillaire.

Douleur aiguë dans le sein gauche.

Douleur dans le sein droit, sensible au toucher.

Dos. (Selenium)

Mal au dos.

Douleurs du dos le réveillent à 6 heures, avec douleurs aiguës comme par des coups de poignard, avec raideur, aggravation au premier mouvement.

Douleur sourde au niveau de l'omoplate droite, aggravation par le mouvement.

Douleur dans l'omoplate, comme si on avait une ligne en travers du dos.

Douleur poignardante sous l’omoplate droite ag­gravée durant la matinée, et par une inspiration profonde.

Sensation d'épuisement, particulièrement au ni­veau du rachis.

Membres. (Selenium)

Petite tache au niveau de l'avant‑bras gauche.

Petite tache rouge pâle au niveau de l'avant‑bras.

Douleur brûlante au niveau de l'épaule gauche.

Douleur sourde au niveau de l'épaule droite.

Douleur violente et élançante au niveau de l'an­nulaire gauche et du bras gauche.

Fourmillement doux comme un choc électrique au niveau de la face palmaire de la main gauche, ou des doigts, en levant des objets.

Sensation de brûlure dans la main droite.

Douleur au niveau de la hanche droite, aggravée assis, améliorée en forçant, en s'étirant.

Douleur dans le genou gauche, s'étend au genou droit.

Douleur aiguë dans le genou gauche aggravée par le mouvement.

Douleur dans le genou gauche aggravée par la flexion, améliorée par l'extension.

Prurit des jambes dans la soirée, en étant désha­billé.

Pieds froids.

Toute la région inférieure du corps est froide.

Pieds froids la nuit.

Pieds chauds avec sueurs de ces pieds.

Sommeil (Selenium)

Difficulté à prendre le sommeil.

Sommeil agité, épuisé le matin.

Sommeil perturbé, « se tourne et se retourne ».

S'éveille brusquement, dans la nuit, de 1 h. 30 à 2 h. 30.

S'éveille en sueur, ayant très chaud, au petit matin.

Peau bouillante la nuit, doit se lever et se passer une éponge fraîche.

Rêves plus abondants que d'habitude.

Sommeil perturbé par les rêves.

Sommeil perturbé par les cauchemars.

Rêves sont plus vifs, plus vivants que d'habitude.

Rêves de feu, ou de voleurs, ou de meurtres.

Peau (Selenium)

Boutons sur la peau.

Éruption cutanée près du coude.

Prurit des doigts, du coude et du genou.

Prurit généralisé, surtout au niveau du tronc.

Transpiration des pieds et des aisselles.

Sécheresse de la peau et des cheveux.

Symptômes généraux (Selenium)

Absence d'énergie, épuisé pour courir.

Sécheresse généralisée.

Raideur du corps en s'éveillant.

SYMPTOMES IMPORTANTS

Psychiques  (Selenium)

Dépression et fatigue.

Apathie et incapable de s'adapter socialement.

Céphalée (Selenium)

Battements et pressions.

Localisation frontale et rétro orbitaire droite, aggravation par la chaleur, améliorée au grand air.

Yeux (Selenium)

Chauds et douloureux.

Vision (Selenium)

Floue, aggravation par le mouvement.

Appareil uro‑génital, surtout de l'homme (Selenium)

Aug­mentation de la fréquence des mictions nocturnes, énurésie

Rougeur et irritation du pénis.

Cœur (Selenium)

Douleur dans la région sous‑sternale ou cardiaque, irradie au cou et au bras gauche, aggra­vée par la respiration, aggravée par le mouvement.

Sommeil (Selenium)

Agité, avec rêves vivaces ou cau­chemars.

Références (Selenium) : Docteur J. B. Reaside. — Proving de Selenium. – British Homoeopathic Journal, 1961, p. 214 à 225.

Revue de presse N° 16 des Cahiers de Biothérapie. CB N° 19. 1968. Dr RS.